LA MARTINIQUE, LABORATOIRE POUR UN NOUVEAU MODELE DE DEVELOPPEMENT DANS LA CARAÏBE ?
Le professeur Godfrey NZAMUJO a été sollicité pour présenter son modèle SONGHAI à la Martinique et à la demande du diocèse, le CMR est entré dans la démarche pour porter cette action avec les autres partenaires déjà engagés dans ce projet.
Aujourd’hui beaucoup de voix s’élèvent dans le monde pour dire que le modèle de développement actuel de la mondialisation est à bout de souffle : précarisation des situations, guerre économique entre les états avec le rapport de force comme seule arme diplomatique. Le constat est effroyable les gouvernements des états ne peuvent plus aujourd’hui rechercher l’intérêt général, mais leur principal objectif est de garantir la sécurité des intérêts des grands groupes dont les budgets sont souvent plus importants que ceux des états eux-mêmes. Les écarts se creusent entre les plus riches et le reste de la population, le travail ne joue plus son rôle d’intégration sociale.
La Martinique se trouve à l’heure d’un choix et pour se donner les moyens de la réflexion, elle a fait appel au professeur Godfrey NZAMUJO, prêtre dominicain fondateur et directeur général du centre agroécologique de SONGHAI à Porto Novo au Bénin, modèle d’excellence selon l’ONU. Ce centre fonctionne sur la base de principes écologiques et en système d’autosuffisance. SONGHAI a pour principes fondateurs de ; Remettre l’homme au cœur de son développement dans le respect de son environnement. Selon le professeur NZAMUJO la terre doit être respectée, il veut revenir à « l’intelligence de la nature ». Le développement économique doit être durable et sans déchets, il parle de danse avec la nature. Le fondateur du centre part d’un constat, notre modèle d’agriculture conventionnel a trouvé ses limites : il ne peut pas nourrir l’humanité sans épuiser le sol et il n’est pas venu à bout de la pauvreté.
L’objectif est de se reconnecter avec la nature et respecter la création à partir d’une vision systémique du monde car pour lui tout est connecté
Certaines communes sont très intéressées par ce modèle et mettront à disposition des terrains pour cette ouvrir la voie à cette expérience
Le professeur pendant deux semaines (19 novembre au 2 décembre) fera des visites de terrain, pour analyser apprendre le fonctionnement de la nature dans notre milieu. Il se basera aussi sur la ressource humaine, des personnes qui adhèrent complètement au concept et qui sont en mesure de développer cette vision sur le reste du territoire. Il faut convaincre le reste de la population, les élus mais en premier lieu les agriculteurs, les porteurs de projet et les institutions. Son modèle tridimensionnel (agriculture élevage et pisciculture) a une portée systémique c’est un levier qui permet le développement de toute une économie
Le CMR s’inscrit pleinement dans cette vision qui renverse les données de l’ordre économique mondial actuel basé sur une compétitivité exacerbée et qui aboutit à la marchandisation de l’homme.
Le CMR ECLAIREUR DE CONSCIENCE
Le CMR avant d’être informé de ce projet s’était déjà inscrit dans une démarche de conscientisation de la population. Face à l’urgence climatique, il a paru nécessaire de jouer la proximité pour rappeler la réalité du réchauffement climatique à partir de faits précis et des rapports des experts et faire adhérer à l’impératif d’adopter de nouvelles pratiques de consommation et de comportement pour préserver notre environnement.
Le 30 octobre dernier le CMR a donc organisé une conférence-débat sur le thème : agriculture et réchauffement climatique à la Martinique. Il s’agissait de débattre sur les conséquences de ce phénomène sur notre agriculture, de s’interroger sur les choix de nos agriculteurs, sur nos modes de consommation, de mettre en lumière que la préservation de notre environnement relève aussi du domaine individuel.
Devant une salle bien remplie malgré les intempéries, Le président de l’université populaire de Martinique a brossé un tableau sombre mais réaliste des conséquences de ce réchauffement sur l’écosystème de la Martinique : diminution de la ressource en eau, violence des évènements climatiques, dégradation de certaines zones boisées particulièrement visible sur la montagne Pelée, augmentation du niveau de la mer avec en ligne de mire la gestion du problème du déplacement des populations côtières…
Puis ce fut au Président de la chambre d’agriculture de souligner l’impact de l’aggravation des phénomènes climatiques sur le cycle des cultures. En effet l’allongement des cycles ou la perte des récoltes a pour conséquence de modifier l’offre sur les marchés et de ce fait de renchérir les prix des produits. A cette occasion, Il invitait les consommateurs à soutenir cette économie qui peine à survivre plutôt que de faire le choix des produits importés qui envahissent nos supermarchés ceux provenant notamment du Costa Rica pour lesquels ils n’étaient pas suffisamment informés de la teneur en pesticides. Il relève également la situation matérielle difficile dans laquelle se trouvent certains agriculteurs et les difficultés rencontrées par la profession dans les procédures avec l’Administration. Il ébauche quelques solutions pour se prémunir contre les conséquences du réchauffement.
Un début de dialogue s’est enclenché avec le public et même si les contraintes horaires n’ont pas permis de le mener à terme, de l’avis général la rencontre s’est révélée instructive et cette démarche doit être renouvelée
Roseline MARTINVALET
Secrétaire CMR Martinique (97)