
« Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. » Jésus s’identifie au frère pauvre et démuni. Il nous interpelle sur notre attitude vis-à-vis des personnes fragiles, de celles qui sont dans le besoin. Il nous appelle à nous faire le prochain de toutes ces personnes qui souffrent dans leur corps, dans leur cœur… Jésus vient à nous dans le pauvre qui nous attend, qui espère une attention, une écoute, un geste de notre part qui nous met en situation de serviteurs, comme Jésus l’est pour nous. « La Bible nous propose notre humanité comme un parcours spirituel. Et sur ce chemin de vie, l’autre n’est pas une option », nous dit un commentaire de Prions en Eglise à propos de ce texte.
Dans l’encyclique Fratelli Tutti, le pape François nous met devant cette question : Qui est ton prochain ? De qui vas-tu te faire le frère ? Il nous invite à élargir notre regard à la dimension de Notre Maison Commune dans laquelle nous sommes tous frères.
Je vous livre quelques passages de l’encyclique qui peuvent vous aider à prolonger votre réflexion.
Jean Yves Guillaume ENAD
Dieu nous aime, chacun a la même dignité
I,18 « …Certaines parties de l’humanité semblent mériter d’être sacrifiées par une sélection qui favorise une catégorie d’hommes jugés dignes de vivre sans restrictions. Au fond, les personnes ne sont plus perçues comme une valeur fondamentale à respecter et à protéger, surtout celles qui sont pauvres et avec un handicap, si elles ne servent pas encore, -comme les enfants à naître-, ou ne servent plus- comme les personnes âgées… ».
II, 68 « … Nous avons été créés pour une plénitude qui n’est atteinte que dans l’amour. Vivre dans l’indifférence face à la douleur n’est pas une option possible… »
II,80 « … Jésus, juif, ne nous invite pas à nous demander qui est proche de nous, mais à nous faire proches, prochains… » «… Il nous exhorte à laisser de côté toutes les différences et, face à la souffrance, à devenir proches de toute personne… II,81»
II, 83 « …Dieu aime chaque être humain d’un amour infini, et il lui confère ainsi une dignité infinie. A cela s’ajoute le fait que nous croyons que le Christ a versé son sang pour tous et pour chacun, raison pour laquelle personne ne se trouve hors de son amour universel. Et si nous allons à la source ultime, c’est-à-dire la vie intime de Dieu, nous voyons une communauté de trois Personnes, origine et modèle parfait de toute vie commune… »
Aimer en actes
III, 97 « …Il y a un aspect de l’ouverture universelle de l’amour qui n’est pas géographique mais existentiel. C’est la capacité quotidienne d’élargir mon cercle, de rejoindre ceux que je ne considère pas comme faisant partie de mon centre d’intérêts, même s’ils sont proches de moi. Par ailleurs, chaque sœur ou frère souffrant, abandonné ou ignoré par ma société, est un étranger existentiel, même s’il est natif du pays… »
III,107 « Tout être humain a le droit de vivre dans la dignité et de se développer pleinement, et ce droit fondamental ne peut être nié par aucun pays… »
III, 115 « …La solidarité se manifeste dans le service qui peut prendre des formes très différentes de s’occuper des autres. Servir, c’est en grande partie, prendre soin de la fragilité. Servir signifie prendre soin des membres fragiles de nos familles, de notre société, de notre peuple … Le service vise toujours le visage du frère, il touche sa chair, il sent sa proximité et même dans certains cas la « souffre » et cherche la promotion du frère…»
III, 116 « …La solidarité c’est penser et agir en termes de communauté, de priorité de la vie de tous sur l’appropriation des biens de la part de certains. C’est lutter contre les causes structurelles de la pauvreté, de l’inégalité, du manque de travail, de terre et de logement, de la négation des droits sociaux et du travail. C’est faire face aux effets destructeurs de l’Empire de l’argent… »
Les migrants
IV, 129 « Nos efforts vis-à-vis des personnes migrantes qui arrivent peuvent se résumer en quatre verbes : accueillir, protéger, promouvoir et intégrer … »
IV,132 « Au- delà des différentes actions indispensables, les Etats ne peuvent pas trouver seuls des solutions adéquates car les conséquences des choix de chacun retombent inévitablement sur la Communauté internationale. Par conséquent les réponses pourront être seulement le fruit d’un travail commun, en élaborant une législation globale pour les migrations… »
IV, 133 « L’arrivée de personnes différentes, provenant d’un autre contexte de vie et de culture, devient un don, parce que les histoires de migrants sont aussi des histoires de personnes et cultures : pour les communautés et les sociétés d’accueil, ils représentent une opportunité d’enrichissement et de développement humain intégral de tous… »
Sens et portée de nos actes
IV 180, « Un individu peut aider une personne dans le besoin, mais lorsqu’il s’associe à d’autres pour créer des processus sociaux de fraternité et de justice pour tous, il entre dans le champ de la plus grande charité, la charité politique… »
IV,181 « « Tous les engagements qui naissent de la doctrine sociale de l’Eglise sont imprégnés de l’amour qui, selon l’enseignement du Christ, est la synthèse de toute la Loi (cf. Mt 22,36-40). Cela suppose qu’on reconnaisse que l’amour, fait de petits gestes d’attention mutuelle, est aussi civil et politique, et il se manifeste dans toutes les actions qui essaient de construire un monde meilleur … »
Pour poursuivre, vous pouvez relire le texte d’évangile suivant :
Évangile Matthieu (25, 31-46)
Le Christ jugera les hommes sur leur amour pour les malheureux
Jésus parlait à ses disciples de sa venue: «Quand le Fils de l’homme viendra dans sa gloire, et tous les anges avec lui, alors il siégera sur son trône de gloire. Toutes les nations seront rassemblées devant lui; il séparera les hommes les uns des autres, comme le berger sépare les brebis des chèvres: il placera les brebis à sa droite, et les chèvres à sa gauche.
«Alors le Roi dira à ceux qui seront à sa droite: “Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le royaume préparé pour vous depuis la création du monde. Car j’avais faim, et vous m’avez donné à manger; j’avais soif, et vous m’avez donné à boire; j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli; j’étais nu, et vous m’avez habillé; j’étais malade, et vous m’avez visité; j’étais en prison, et vous êtes venus jusqu’à moi!”
«Alors les justes lui répondront: “Seigneur, quand est-ce que nous t’avons vu…? tu avais donc faim, et nous t’avons nourri? tu avais soif, et nous t’avons donné à boire? tu étais un étranger, et nous t’avons accueilli? tu étais nu, et nous t’avons habillé? tu étais malade ou en prison… Quand sommes-nous venus jusqu’à toi?”
«Et le Roi leur répondra: “Amen, je vous le dis, chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait.”
«Alors il dira à ceux qui seront à sa gauche: “Allez-vous-en loin de moi, maudits, dans le feu éternel préparé pour le démon et ses anges. Car j’avais faim, et vous ne m’avez pas donné à manger; j’avais soif, et vous ne m’avez pas donné à boire; j’étais un étranger, et vous ne m’avez pas accueilli; j’étais nu et vous ne m’avez pas habillé; j’étais malade et en prison, et vous ne m’avez pas visité.”
«Alors ils répondront, eux aussi: “Seigneur, quand est-ce que nous t’avons vu avoir faim et soif, être nu, étranger, malade ou en prison, sans nous mettre à ton service?”
«Il leur répondra: “Amen, je vous le dis, chaque fois que vous ne l’avez pas fait à l’un de ces petits, à moi non plus vous ne l’avez pas fait.”
«Et ils s’en iront, ceux-ci au châtiment éternel, et les justes, à la vie éternelle.»