Fondée en 1945 pour unir toutes les nations dans la lutte contre la faim, la FAO fête son anniversaire le 16 octobre, à travers une célébration mondiale connue comme la Journée Mondiale de l’Alimentation. A cette occasion, La FIMARC renouvelle ses propositions d’actions en lien avec le thème de cette année « Cultiver, Nourrir, Préserver. Ensemble. Agir pour l’avenir ».
Des actions pour AGIR au quotidien :
CHOISIR UNE ALIMENTATION SAINE ET VARIÉE Une alimentation saine contribue à une vie saine. N’oublions pas qu’une alimentation diversifiée favorise la biodiversité !
CHOISIR DES PRODUITS LOCAUX Chaque fois qu’on le peut, soutenons nos paysans en achetant des aliments frais cultivés localement, par ex. sur des marchés de producteurs de notre communauté.
CHOISIR DES ALIMENTS DE SAISON Evitons les importations en profitant des saisons.
CULTIVER DES ALIMENTS CHEZ SOI Apprenez à cultiver vos propres fruits, légumes et herbes aromatiques
RESPECTER LA NOURRITURE ET LES PAYSANS Les pertes et gaspillages alimentaires peuvent se produire tout au long de la chaîne alimentaire – Respectons la nourriture et respectons les paysans.
Des actions pour SENSIBILISER
Organiser des activités loisirs et sports comme une course, une marche, une ballade ou même un marathon contre la faim.
Organiser des Conférences, débats et tables rondes publiques avec des dirigeants politiques, des éducateurs, des scientifiques et des agriculteurs.
Organiser les dons de nourriture qui autrement auraient été jetée conformément aux règlements locaux. Lien avec les magasins locaux, restaurants, etc.
Organiser une exposition pour la JMA pour soutenir des produits agricoles.
« Le cinquième anniversaire de l’encyclique survient à un moment décisif – une pandémie mondiale – et le message de Laudato Si’ est tout aussi prophétique aujourd’hui qu’il l’était en 2015. L’encyclique peut, en effet, fournir la boussole morale et spirituelle nécessaire au voyage vers la création d’un monde plus attentionné, inclusif, pacifique et durable. »
La brochure du Dicastère pour la promotion d’un développement humain intégral est à télécharger ici.
Nous, membres du bureau de la FIMARC (Fédération internationale des mouvements d’adultes ruraux catholiques), exprimons notre profonde inquiétude concernant l’impact de la pandémie COVID-19 sur les agriculteurs, les pêcheurs et autres petits producteurs alimentaires, les pauvres des zones rurales et urbaines, les travailleurs journaliers et saisonniers, les migrants et les chômeurs, et exprimons notre solidarité à tous. La maladie se propage très rapidement partout et est devenue un problème mondial qui appelle des réponses autant mondiales que locales.
La pandémie COVID-19 a des effets négatifs sur la production alimentaire, l’offre et la demande de denrées alimentaires, la distribution, la commercialisation et la sécurité alimentaire à tous les niveaux. La vie et les moyens de subsistance de millions de travailleurs salariés, de pêcheurs et de familles d’agriculteurs sont gravement touchés et menacés par cette pandémie. Fermeture des frontières, confinement, quarantaine, perturbations du commerce limitent l’accès des populations à des ressources alimentaires suffisantes et diversifiées dans la plupart des pays. Le confinement lié au COVID-19 signifie que les pauvres des zones rurales et urbaines n’ont plus de nourriture ni de travail. Des millions de personnes des régions sous-développées sont confrontées à la pauvreté et au dénuement du fait de l’arrêt de l’activité économique en raison des mises en confinement.
La fermeture des marchés locaux et une moindre fréquence d’accès aux petits commerces réduisent la demande de produits frais et de produits de la pêche, affectant à la fois les producteurs et les fournisseurs qui sont également confrontés à la hausse des prix des denrées alimentaires et à la limitation de leur pouvoir d’achat. Les restrictions sur le tourisme, la fermeture des restaurants et des cafés et la suspension des repas scolaires aggravent la pauvreté. Des millions d’enfants n’ont plus accès aux repas scolaires qui sont leur principale ressource alimentaire. Beaucoup d’entre eux n’ont pas de protection sociale, ni d’assurance maladie. Les travailleurs journaliers ou saisonniers, les migrants, les personnes déplacées et celles touchées par les conflits sont confrontées à une faim extrême car elles n’ont aucun revenu, ni soutiens ou mesures de protection sociale. De nombreux pays ont annoncé des mesures soudaines de confinement sans aucune disposition de protection des travailleurs pauvres et vulnérables vivant dans des conditions économiques précaires. Les pays en développement sont particulièrement menacés, car la pandémie COVID-19 peut entraîner une importante réduction des activités de production à haute intensité de main-d’œuvre (agriculture, pêche, petites entreprises, etc).
Nous ne condamnons pas les mesures nécessaires telles que le confinement et les autres moyens de protection des personnes. Cependant, nous demandons que les personnes pauvres et vulnérables, les travailleurs, les petits agriculteurs et les familles ne souffrent pas de façon particulièrement dure et qu’ils reçoivent toute l’aide nécessaire pour traverser cette période difficile afin d’éviter une crise alimentaire, économique et sociale.
Au fil des ans, la plupart des gouvernements ont mis en œuvre des politiques économiques néolibérales qui ont réduit de manière drastique les dépenses publiques des services de santé et permis leur privatisation. Les effets catastrophiques de ce Covid-19 sont les conséquences de ces décisions politiques. Dans de nombreux pays, les pauvres et les personnes à faibles revenus sont les victimes des systèmes de santé privatisés. De nombreuses personnes ne détectent pas leur infection car elles ne peuvent supporter le coût élevé des tests et des traitements. Cela peut être la cause d’une grave menace d’expansion du COVID 19 au sein des communautés et de la mort éventuelle de millions de personnes. L’auto-isolement ou l’enfermement social peut aussi provoquer un stress traumatique, un mélange de peur et de colère chez des individus avec une augmentation de la violence domestique et familiale. Nous appelons donc les autorités à fournir en urgence des orientations et un soutien psychologique aux individus et aux familles. La FIMARC appelle également à la gratuité des tests et des traitements pour les patients atteints de COVID, quels que soient leurs revenus, leur nationalité, leur sécurité sociale ou leur statut de réfugié.
Nous craignons que la plupart des gouvernements, dans le cadre de leurs politiques néolibérales, donnent la priorité aux dispositions économiques, aux incitations et aux programmes de sauvetage et de protection des industries à grande échelle, à l’agrobusiness et aux banques. Nous nous opposons fermement à une telle approche et appelons à ce que les groupes les plus vulnérables soient au centre des politiques visant à combattre l’impact de la pandémie COVID-19 à la fois sur la santé et l’économie.
Il est évident que la crise menace dans le monde entier l’approvisionnement en denrées alimentaires et autres produits de base essentiels et que les systèmes alimentaires agro-industriels et les chaînes transnationales des super marchés sont quasi paralysés à cause des distorsions du commerce transfrontalier et des transports. Cependant les petits producteurs alimentaires représentent plus de 70 % de la nourriture nécessaire à l’échelle de la planète et environ 90 % des produits alimentaires consommés par les communautés locales et les personnes à l’intérieur des frontières nationales. Nous ne devons pas oublier que les petits agriculteurs demeurent au centre de la production, de l’approvisionnement et de la distribution alimentaires dans tous les pays, même en cette période de crise, grâce à la vente directe, aux chaînes de circuits courts, aux systèmes de distribution publique et aux possibilités offertes par les marchés locaux. Les petits producteurs alimentaires continueront à jouer leur rôle important en promouvant un système alimentaire écologiquement rationnel et socialement juste. Ils sont et resteront les champions et les gardiens de la sécurité alimentaire et nutritionnelle des populations, même en pleine épidémie de COVID 19. Ils constituent les solutions et les réponses positives pour assurer une alimentation saine pour tous et ne devraient pas être seulement considérés comme de simples victimes ou un groupe vulnérable de cette crise.
Nous saisissons cette occasion pour féliciter et soutenir les équipes de soins de santé du monde entier, les agents sanitaires, les agents de nettoyage et les autres personnes. qui risquent leur vie pour combattre cette pandémie en première ligne. Nous appelons donc les gouvernements à fournir des assurances spéciales de santé et de vie pour ces combattants de première ligne.
Nous tenons aussi à souligner que la pandémie COVID 19 a eu des effets positifs importants pour le genre humain et la nature. Notre ciel et nos rivières sont plus clairs qu’auparavant, la biodiversité et l’environnement s’améliorent, les émissions de carbone et le réchauffement climatique diminuent, de meilleures habitudes de santé et d’hygiène deviennent les slogans du jour, la nature renaît, l’exploitation excessive des ressources naturelles diminue, ce qui nous donne plus de temps pour améliorer nos relations, même en famille, et pour écouter l’appel de la nature. C’est le moment de réfléchir à notre mode de vie, au mode de développement que nous avons promu et d’approfondir nos relations avec la nature et les autres êtres humains. Il est temps de prendre une nouvelle route. Nous devons vraiment construire une nouvelle histoire à partir des leçons que nous avons apprises. Allons de l’avant ensemble.
Dans ce contexte, la FIMARC formule les demandes suivantes:
Des mesures et services urgents en matière de soins de santé
La disponibilité et la gratuité du test COVID pour tous, quelle que soit la nationalité, y compris pour les immigrés clandestins. L’idéal est d’organiser le test COVID sur la population la plus large possible, sinon, un test rapide aléatoire, même pour ceux qui ne présentent aucun symptôme d’infection.
La mise en place de mesures et d’installations de quarantaine appropriées, sûres et adéquates à domicile ou dans les hôpitaux, dans les zones urbaines et rurales.
La fourniture d’équipements médicaux adéquats, du matériel de sécurité et d’hygiène, y compris des masques, des désinfectants et des kits d’équipement de protection individuelle (EPI) pour tous les médecins en exercice et tous les autres professionnels de la santé.
Les gouvernements devraient prendre des mesures urgentes pour construire des infrastructures temporaires ou permanentes, notamment des hôpitaux, des ventilateurs, des unités de soins intensifs et assurer la fourniture de médicaments pour traiter gratuitement tous les patients atteints de COVID, avec un budget spécial pour les soins de santé publique. Personne ne devrait se voir refuser les tests et les traitements en raison de son statut de protection sociale
Une sensibilisation massive du public
Des campagnes massives de sensibilisation du public doivent être organisées dans les zones rurales et urbaines sur la pandémie de COVID 19 et les mesures de protection (y compris le port de masques, le lavage des mains, le respect de l’hygiène personnelle et environnementale et plus encore la distanciation sociale) à prendre pour prévenir la maladie.
Les mouvements sociaux de base, incluant les membres de la FIMARC, devraient soutenir les programmes de sensibilisation et les initiatives des gouvernements pour aider les populations à sortir de cette crise.
Les médias et groupes sociaux ne doivent pas diffuser de fausses informations sur le COVID 19.
Les médias devraient assumer le rôle moral et social de fournir à tous des informations vraies et opportunes plutôt que de susciter la peur et l’anxiété du public.
Tous les membres de la FIMARC devraient suivre les mesures de confinement et soutenir la politique d’endiguement des gouvernements.
Les membres de la FIMARC peuvent également organiser des campagnes de sensibilisation (en fournissant du matériel d’hygiène, en préparant des brochures dans les langues locales sur les habitudes saines pour prévenir les maladies, des programmes de soutien communautaire) à la base pour prévenir l’expansion sociale de la maladie.
Un soutien économique viable aux plus vulnérables
Les gouvernements doivent fournir des financements en espèces pour soutenir les petits producteurs de denrées alimentaires, les petites entreprises, les travailleurs formels ou informels et les populations sans emploi pendant les périodes de fermeture et de quarantaine.
Les gouvernements doivent augmenter les dépenses publiques pour la relance et le redémarrage des activités économiques, en accordant la priorité aux groupes les plus vulnérables.
Prévoir des pensions anticipées pour les catégories les plus faibles de la société telles que les personnes âgées, les personnes handicapées, les veuves et autres groupes vulnérables.
Les gouvernements devraient mettre un moratoire sur tous les prêts et recouvrements de crédits des agriculteurs, des travailleurs, des petites entreprises et de tous les autres auprès des banques privées et publiques et autres organismes financiers.
Fournir des aides d’urgence aux petits producteurs, aux jeunes entreprises et aux petites entreprises.
Le gouvernement devrait fournir gratuitement les services de base tels que l’eau et l’électricité à tous les groupes à faibles revenus pendant les périodes de blocage.
De meilleures installations de soins de santé doivent être mises en place dans toutes les prisons pour éviter la propagation du COVID 19.
Les membres de la FIMARC sont appelés à organiser des activités de secours telles que l’organisation de kits alimentaires, d’articles essentiels ou de matériel sanitaire.
Un renforcement des programmes de protection sociale
En augmentant les montants des transferts pour aider les familles à satisfaire leurs besoins fondamentaux ; en fournissant des paiements complémentaires pour compenser la perte de revenus des petits producteurs.
Par la fourniture directe de nourriture par les gouvernements ainsi que par des dons de particuliers, de réseaux de solidarité et d’organisations non gouvernementales.
En injectant des fonds dans l’agriculture, la pêche et les petites industries par le biais de subventions, pour aider la production alimentaire, les micro, petites et moyennes entreprises, les travailleurs occasionnels et le personnel salarié qui ne peut pas travailler lorsque toutes les activités s’arrêtent.
Promouvoir un système économique qui réponde aux besoins des populations les plus vulnérables grâce à des filets de sécurité sociale, notamment un revenu de base universel, des soins de santé gratuits et d’autres mesures de sécurité sociale.
Production et approvisionnement alimentaire
Les pays doivent répondre aux besoins alimentaires immédiats de leurs populations vulnérables.
Les pays devraient veiller à ce que les besoins alimentaires d’urgence soient satisfaits ; en ajustant et en élargissant les programmes de protection sociale ; en ajustant les programmes de repas scolaires de façon à maintenir la fourniture de repas aux enfants lorsque les écoles sont fermées.
La production alimentaire et le transport des denrées alimentaires, des médicaments et autres articles essentiels doivent être déclarés comme services essentiels et les mouvements de ces articles à l’intérieur du pays ou au-delà des frontières ne doivent pas être limités.
Les gouvernements doivent mettre en place des programmes spécifiques pour collecter directement les produits à un prix équitable auprès des petits producteurs alimentaires et organiser des canaux et des points de vente spécifiques pour la commercialisation, l’approvisionnement et la distribution.
Les gouvernements devraient prendre des mesures fermes contre la thésaurisation, le marché noir et la hausse des prix par les négociants et les intermédiaires.
Les gouvernements devraient distribuer des céréales alimentaires essentielles et d’autres matériaux nécessaires pendant au moins trois mois par le biais de programmes de distribution publique à tous les pauvres des zones rurales et urbaines.
Les gouvernements, avec l’aide des détaillants, devraient prendre des initiatives pour promouvoir la livraison à domicile des denrées alimentaires et autres produits essentiels aux consommateurs.
Les gouvernements devraient promouvoir des systèmes alimentaires localisés et diversifiés basés sur l’agroécologie et la souveraineté alimentaire.
La solidarité est la clé de la lutte contre la pandémie
La solidarité et les coopérations nationales, régionales et mondiales sont essentielles pour lutter contre la crise actuelle. Les systèmes de soins de santé nationaux et mondiaux doivent être réorganisés pour le bien de l’humanité.
Les pays devraient partager les résultats de la recherche de médicaments et de vaccins en temps réel et ne pas viser le profit et le brevetage.
Les pays devraient s’échanger les médicaments, masques, kits de test et autres informations pertinentes sur les traitements disponibles et en excédent.
Les institutions financières internationales et régionales devraient accorder un allègement de la dette ainsi que des prêts inconditionnels à très faible taux d’intérêt, voire sans taux d’intérêt, aux pays en développement et aux pays sous-développés afin de lutter contre la pandémie et de stimuler leurs activités économiques post-pandémie.
Les institutions des Nations Unies devraient adopter une approche mieux coordonnée et plus cohérente dans la conception et la mise en œuvre de politiques, programmes et projets urgents à court et à long terme afin d’aider les gouvernements nationaux à faire face à la crise actuelle et à l’éventuel processus de construction de la nation.
Les agriculteurs, les travailleurs et les citoyens ordinaires devront relever d’énormes défis pour reconstruire leur vie et leurs moyens de subsistance. Il est nécessaire de mettre en place des mesures d’aide et de réhabilitation, pour aider les personnes touchées. Ne pas agir maintenant aura des conséquences catastrophiques et la FIMARC appelle donc tous les gouvernements, nos mouvements membres et les autres parties prenantes à agir en conscience pour faire le meilleur de l’histoire de l’humanité.
Le pape François adresse cette lettre aux acteurs et actrices des mouvements populaires, pauvres aux côtés des pauvres en temps de pandémie.
Chers amis,
Je pense souvent à nos rencontres : deux au Vatican et une à Santa Cruz de la Sierra et je vous avoue que ce « souvenir » me fait du bien, me rapproche de vous, me fait repenser à tant de discussions partagées durant ces rencontres et aux nombreux projets qui en sont nés et y ont mûri, et dont beaucoup sont devenus réalité. Aujourd’hui, en pleine pandémie, je pense particulièrement à vous et je tiens à vous dire que je suis à vos côtés.
En ces jours de grande angoisse et de difficultés, nombreux sont ceux qui ont parlé de la pandémie dont nous souffrons en utilisant des métaphores guerrières. Si la lutte contre le COVID-19 est une guerre, alors vous êtes une véritable armée invisible qui combattez dans les tranchées les plus périlleuses. Une armée sans autres armes que la solidarité, l’espoir et le sens de la communauté qui renaissent en ces jours où personne ne peut s’en sortir seul. Vous êtes pour moi, comme je vous l’ai dit lors de nos rencontres, de véritables poètes sociaux qui, depuis les périphéries oubliées, apportez des solutions dignes aux problèmes les plus graves de ceux qui sont exclus.
Je sais que très souvent vous n’êtes pas reconnus comme il se doit, car dans ce système vous êtes véritablement invisibles. Les solutions prônées par le marché n’atteignent pas les périphéries, pas plus que la présence protectrice de l’État. Vous n’avez pas non plus les ressources nécessaires pour remplir sa fonction. Vous êtes considérés avec méfiance parce que vous dépassez la simple philanthropie à travers l’organisation communautaire, ou parce que vous revendiquez vos droits au lieu de vous résigner et d’attendre que tombent les miettes de ceux qui détiennent le pouvoir économique. Vous éprouvez souvent de la colère et de l’impuissance face aux inégalités qui persistent, même lorsqu’il n’y a plus d’excuses pour maintenir les privilèges. Toutefois, vous ne vous renfermez pas dans la plainte : vous retroussez vos manches et vous continuez à travailler pour vos familles, pour vos quartiers, pour le bien commun. Votre attitude m’aide, m’interroge et m’apprend beaucoup.
Je pense aux personnes, surtout des femmes, qui multiplient le pain dans les cantines communautaires, en préparant avec deux oignons et un paquet de riz un délicieux ragoût pour des centaines d’enfants ; je pense aux malades, je pense aux personnes âgées. Les grands médias les ignorent. Pas plus qu’on ne parle des paysans ou des petits agriculteurs qui continuent à travailler pour produire de la nourriture sans détruire la nature, sans l’accaparer ni spéculer avec les besoins du peuple. Je veux que vous sachiez que notre Père céleste vous regarde, vous apprécie, vous reconnaît et vous soutient dans votre choix.
Comme il est difficile de rester chez soi pour ceux qui vivent dans un petit logement précaire ou qui sont directement sans toit. Comme cela est difficile pour les migrants, pour les personnes privées de liberté ou pour celles qui se soignent d’une addiction. Vous êtes là, physiquement présents auprès d’eux, pour rendre les choses plus faciles et moins douloureuses. Je vous félicite et je vous remercie de tout mon cœur. J’espère que les gouvernements comprendront que les paradigmes technocratiques (qu’ils soient étatistes ou fondés sur le marché) ne suffisent pas pour affronter cette crise, ni d’ailleurs les autres grands problèmes de l’humanité. Aujourd’hui plus que jamais, ce sont les personnes, les communautés, les peuples qui doivent être au centre de tout, unis pour soigner, pour sauvegarder, pour partager.
Je sais que vous avez été privés des bénéfices de la mondialisation. Vous ne jouissez pas de ces plaisirs superficiels qui anesthésient tant de consciences. Et pourtant, vous en subissez toujours les préjudices. Les maux qui affligent tout un chacun vous frappent doublement. Beaucoup d’entre vous vivent au jour le jour sans aucune garantie juridique pour vous protéger. Les vendeurs ambulants, les recycleurs, les forains, les petits paysans, les bâtisseurs, les couturiers, ceux qui accomplissent différents travaux de soins. Vous, les travailleurs informels, indépendants ou de l’économie populaire, n’avez pas de salaire fixe pour résister à ce moment… et les quarantaines vous deviennent insupportables. Sans doute est-il temps de penser à un salaire universel qui reconnaisse et rende leur dignité aux nobles tâches irremplaçables que vous effectuez, un salaire capable de garantir et de faire de ce slogan, si humain et chrétien, une réalité : pas de travailleur sans droits.
Je voudrais aussi vous inviter à penser à « l’après », car cette tourmente va s’achever et ses graves conséquences se font déjà sentir. Vous ne vivez pas dans l’improvisation, vous avez une culture, une méthodologie, mais surtout la sagesse pétrie du ressenti de la souffrance de l’autre comme la vôtre. Je veux que nous pensions au projet de développement humain intégral auquel nous aspirons, fondé sur le rôle central des peuples dans toute leur diversité et sur l’accès universel aux trois T que vous défendez : terre, toit et travail. J’espère que cette période de danger nous fera abandonner le pilotage automatique, secouera nos consciences endormies et permettra une conversion humaniste et écologique pour mettre fin à l’idolâtrie de l’argent et pour placer la dignité et la vie au centre de l’existence. Notre civilisation, si compétitive et individualiste, avec ses rythmes frénétiques de production et de consommation, ses luxes excessifs et des profits démesurés pour quelques-uns, doit être freinée, se repenser, se régénérer. Vous êtes des bâtisseurs indispensables à ce changement inéluctable. Je dirais même plus, vous avez une voix qualifiée pour témoigner que cela est possible. Vous connaissez bien les crises et les privations… que vous parvenez à transformer avec pudeur, dignité, engagement, effort et solidarité, en promesse de vie pour vos familles et vos communautés.
Continuez à lutter et à prendre soin de chacun de vous comme des frères et sœurs. Je prie pour vous, je prie avec vous et je demande à Dieu, notre Père, de vous bénir, de vous combler de son amour et de vous protéger sur ce chemin, en vous donnant la force qui nous permet de rester debout et qui ne nous déçoit pas : l’espoir. Veuillez aussi prier pour moi, car j’en ai besoin.
Fraternellement,
François
Cité du Vatican, dimanche de Pâques, le 12 avril 2020.
La Fimarc (Fédération internationale des mouvements d’adultes catholiques) adresse ses salutations à tous les ruraux et leur souhaite de joyeuses Pâques.
Le pape François, dans son message de Carême, a expliqué le « style de vie » dans lequel nous devons marcher « ces temps », en concrétisant les gestes traditionnels de Carême. Et cette année, outre les événements et situations traditionnels bien connus, il nous encourage à « vivre à la suite du Christ », cette « pandémie », le COVID-19, qui a été déclenchée. Et qu’il est important que nous soyons responsables les uns des autres, non seulement dans ce temps présent mais aussi pour le futur.
Le CMR dans le cadre de son partenariat avec la Plateforme pour une Autre PAC participait ce mardi 22 octobre à la manifestation organisée à Strasbourg pour réclamer une autre PAC. Le CMR Bas-Rhin était également présent lors de ce rassemblement qui a réunit prés d’un millier de manifestants.
Entre 650 et un millier de manifestants, selon la préfecture et les organisateurs, battaient le pavé mardi à Strasbourg pour réclamer « une autre » politique agricole commune européenne (Pac) et interpeller les eurodéputés réunis au Parlement européen.
Parti un peu avant 11h30 de la place de l’Université, au cœur de la capitale alsacienne, le cortège de cette « agroparade » devait ensuite rallier l’hémicycle européen pour organiser devant le bâtiment un « die-in », selon les organisateurs.
Parmi les manifestants figuraient des agriculteurs et apiculteurs français et allemands ainsi que des militants écologistes ou du bien-être animal. Plusieurs étaient munis de drapeaux du syndicat agricole Confédération paysanne ou de pancartes proclamant « entre miel et pesticides, il faut choisir » ou encore « non à l’agro business. Pour une vraie réforme de l’agriculture européenne ».
Des remorques sur lesquelles étaient juchés une abeille et un porcelet géants étaient également visibles dans le cortège. « On espère peser sur le débat » autour de la future Pac post-2020, a indiqué à la presse Jacques Morineau, président de la plateforme « Pour une autre Pac », qui fédère une quarantaine d’associations et syndicats impliqués dans les questions agricoles et alimentaires, dont le CMR.
« La Pac, c’est une organisation dépassée (…) On dépense des milliards pour la monoculture, on détruit la biodiversité et on perd nos abeilles avec des produits phytosanitaires », a dénoncé Bertrand Hirtz, apiculteur strasbourgeois.
Selon lui, il faut « revoir le principe de répartition des subventions (européennes à l’agriculture), elles sont attribuées majoritairement aujourd’hui à la productivité » alors qu’il faudrait les diriger « vers une agriculture plus biologique et plus respectueuse de l’environnement ».
Source : AFP
Fort de son expérience et de son ancrage territorial le CMR dénonçait déjà dans une tribune paru en 2015 (Pour une éthique agricole et rurale) : »Un système qui appauvrit et fragilise les femmes, les hommes, et les cultures du rural, en France et au delà. Le fonctionnement actuel de notre système de production agricole est fondé sur un principe de dérégulation destiné à assurer la liberté des échanges. En absence de règles, cette liberté se transforme en instruments de capitalisation, de spéculation financière et de pouvoir, visant à satisfaire les intérêts d’un petit nombre d’individus ou de sociétés qui imposent leur mode de fonctionnement au détriment du bien commun. Nous déplorons en conséquence, un appauvrissement du tissu rural et humain, et des atteintes aux valeurs qui nous réunissent« .
Dans une tribune au Parisien-Aujourd’hui en France, « La plateforme Pour une autre PAC », dont le CMR est membre, invite paysans et citoyens à se rassembler le 22 octobre devant le Parlement européen à Strasbourg. Le CMR 67 participera à cette action avec le CMR national.
D’un côté, à la Cour des comptes européenne, il a soutenu des positions audacieuses sur le bien-être animal, les petites fermes, et dénoncé le manque d’ambition écologique des propositions de la Commission pour la réforme de la politique agricole commune (PAC). D’un autre côté, il émane d’une famille politique à l’ambition environnementale minime et hostile à un cadre européen fort. Les eurodéputés obtiendront-ils de lui assez de garanties pour lui accorder leur confiance ?
Par ailleurs, Frans Timmermans, probable vice-président de la Commission chargé de la stratégie verte de l’UE, devrait poser les fondements d’une politique alimentaire intégrée, « de la fourche à la fourchette ». Cela permettrait une convergence cohérente entre agriculture, santé, environnement, bien-être animal et développement. Une perspective dans laquelle la réforme de la PAC doit s’inscrire.
Enfin, Phil Hogan, ancien commissaire à l’agriculture, chantre du libre-échange et de la dérégulation, passerait au commerce, ce qui est inquiétant pour la souveraineté alimentaire globale. En résumé, ces choix augurent d’un difficile exercice d’équilibre pour la nouvelle Commission si elle veut se montrer à la hauteur de l’enjeu vital auquel nous faisons face !
Aujourd’hui en Europe, les campagnes sont dans l’impasse du modèle productiviste. Au lieu d’être nourricière, l’agriculture est majoritairement organisée comme une industrie : productions uniformisées niant la diversité des territoires, concurrence internationale exacerbée, chimie de synthèse et mécanisation systématisées, négation de la sensibilité et des besoins des animaux, obsession quantitative et non qualitative… Les feux de cet été en Amazonie, liés notamment à nos importations de soja, ont rappelé les conséquences écologiques folles de cette course au moindre coût économique.
Ce faisant, l’agriculture industrielle a significativement appauvri les savoir-faire locaux des paysans, ignoré le bien-être animal, dégradé la biodiversité, altéré la fertilité du sol et contribué à la crise climatique. Le modèle productiviste a un temps fait illusion mais aujourd’hui les rendements et les revenus des paysans sont à la baisse. L’impasse est totale : environnementale, sociale, sanitaire, culturelle et éthique.
En soutenant ce modèle, la PAC nous mène à l’échec. Aujourd’hui, elle incite les agriculteurs à produire plus, sur des surfaces toujours plus grandes, pour une rentabilité toujours plus faible : nombre d’entre eux ne s’y retrouvent plus et ne s’en sortent pas.
En parallèle, soutenant des « fleurons » de l’agroalimentaire avec l’argent public, la PAC contribue aux prix artificiellement bas de nos exportations dans les pays du Sud dont elle sape l’agriculture vivrière, tout en ralentissant l’essor d’alternatives justes, saines et durables chez nous. La PAC est en cours de réforme. Celle-ci doit être radicale pour sortir de l’impasse !
Pour une autre PAC propose d’utiliser les milliards d’euros de la PAC pour une transition effective de l’agriculture européenne. En moins de dix ans, nous pouvons accompagner tous les producteurs vers l’agroécologie paysanne, notamment via l’agriculture biologique. C’est possible et indispensable ! Cela rétablira aussi la confiance entre paysans et consommateurs.
L’avenir de notre agriculture et de notre alimentation est entre les mains de nos dirigeants européens. C’est pourquoi, le mardi 22 octobre 2019, avec nos partenaires allemands, nous organisons devant le Parlement européen de Strasbourg un rassemblement de paysans et citoyens venus de toute l’Europe. Exigeons que la prochaine PAC soit enfin juste, saine et durable, pour servir l’intérêt général et non celui de l’agrobusiness. Rejoignez-nous !
Les représentants de 10 mouvements ou associations de chrétiens de 10 pays européens se sont retrouvés pendant 5 jours à Cluj Napoca en Roumanie.
Cette rencontre était financée par le programme européen Erasmus+ de l’Union Européenne dans le cadre du projet Prorure.
Ces journées furent riches en échanges sur la culture du pays, sur la vie économique en monde rural, sur l’importance de l’Histoire dans ce pays d’Europe centrale. Les différents intervenants, chacun dans son domaine de compétences, nous ont fait découvrir combien la Roumanie est une mosaïque faite de différentes influences culturelles, religieuses, politiques, qu’elle a été soumise à de nombreuses convoitises qui marquent encore aujourd’hui sa population. Peut-on faire confiance aux autres, à des organisations collectives quand on a subi l’oppression, le manque de liberté ? Il faut du temps, de la patience mais aussi de la volonté pour se réconcilier, pour avancer vers une construction européenne pacifiée. Les acteurs de ce pays (maire, enseignants, chercheurs) nous ont exprimé leur désir de développer une agriculture familiale, d’une économie et d’un développement structurel offert à tous et toutes, même aux plus petites communes et exploitations agricoles.
Markus Vennewald de la COMECE (Conférence européenne des évêques, Bruxelles) nous invite à travailler ensemble pour demander à l’UE de changer de politique. Nous devons soutenir les territoires ruraux en Europe.
Dans nos collectifs, comme « Pour une autre PAC » nous devons avoir le souci des plus petits pour qu’ils aient les mêmes droits que les autres, que l’humain soit la priorité des décisions européennes.
Nous avons aussi découvert que nous ne pouvons pas demander aux autres de se lancer « tête baissée » dans des projets sans les écouter, les comprendre, sans respecter leur rythme.
Nous avons aussi été reçus par des villageois pour célébrer et pour un repas convivial. Nous avons visité un jeune agriculteur qui vient de s’installer.
Nos échanges d’expériences sont fraternels, respectueux, ouverts. Des liens d’amitié se créent, nous avons du bonheur à nous retrouver et à connaître la vie des autres.
Avram Fitiu, professeur à la faculté d’agriculture de Cluj (Roumanie) nous a alerté sur la situation des agriculteurs roumains, qui sont très nombreux et qui ont beaucoup de mal à s’en sortir. Ils ont en moyenne 3-4 ha. La PAC profite aux grandes exploitations de plusieurs milliers d’ha qui ont été rachetées par des investisseurs étrangers. Oui nous avons besoin d’une autre PAC.
La délégation CMR à Cluj (Roumanie) pour la rencontre Prorure qui regroupe les associations de chrétiens dans le monde rural de 11 pays d’Europe.