Le 1er octobre, le CMR 37 a organisé une journée de formation qui reposait à la fois sur le thème d’année du CMR « Partager plus pour vivre plus » et sur les orientations diocésaines qui font de la solidarité une priorité.
SESSION DE FORMATION CMR
1er octobre 2011
Partager plus la Doctrine Sociale de l’Église pour vivre plus de solidarité dans le diocèse
Notre rencontre de démarrage s’est reposée à la fois sur le thème d’année du CMR « Partager plus pour vivre plus » et sur les orientations diocésaines qui font de la solidarité une priorité.
Présentation succincte de nos intervenantes :
Anne Dubreil, mariée, 3 enfants, animatrice permanente fédérale pour le CMR 28, professeur de voix, et dans l’EAD (Équipe d’aumônerie diversifiée) du MRJC depuis 2008, c’est dans ce cadre qu’elle a suivi l’année de formation rurale sur la Doctrine Sociale de l’Église.
Brigitte Bécard, mariée, 4 enfants, pharmacien, Déléguée Épiscopale à la solidarité, impliquée de nombreuses années au Secours Catholique.
La Doctrine Sociale de l’Église (ou Pensée sociale de l’Église)
Anne Dubreil
Le Compendium (Un compendium est typiquement un abrégé ou un condensé, sous la forme d’une compilation, d’un corpus de connaissances) rédigé en 2004 par le Conseil Pontifical Justice & Paix , regroupe tout ce qui concerne les encycliques (lettres écrites aux catholiques par le Pape) depuis Léon XIII jusqu’à Benoît XVI.
Ce qui fonde la Doctrine :
la charité (du grec « agapè ») qui désigne tout ce à quoi l’homme est appelé, mais elle est devenue strictement caritative soignant les effets et non les causes. L’évolution a donc été d’associer charité à justice puis à solidarité (la solidarité étant la charité sociale).
Comment peut-on lire cette Pensée Sociale de l’Église ?
Il faut garder à l’esprit que cette parole est une proposition et non une obligation. Elle propose des principes éthiques et moraux. C’est un outil de sciences sociales qui s’appuie sur la Bible et a évolué au fil du temps (d’où une possible contradiction entre les textes).
Les objectifs qu’il recouvre sont :
rappeler au monde les problèmes sociaux
donner des critères de jugement
donner des principes d’action
Ses objectifs sont basés sur les deux piliers que sont :
* la dignité inaliénable de l’homme
qui vient du fait que Jésus est Dieu fait homme et que dans la Genèse l’homme a été créé à l’image de Dieu, il y a donc du divin en chaque être humain.
* la notion de Bien commun
qui n’est pas l’intérêt général mais le fait que les fruits de la Terre sont à tous. Éducation, logement, soins matériels et non matériels doivent être à la portée de tous.
La Bible est toujours le premier référent.
Les 5 grands principes fondamentaux énoncés dans la Pensée Sociale de l’Église :
* la destination universelle des biens
Tout n’appartient pas à tous, il faut cultiver une vision de l’économie qui ne perde de vue ni l’origine ni la destination de ces biens
* l’option préférentielle pour les pauvres
Chaque décision devrait être pensée par rapport aux pauvres
* la subsidiarité
Les hommes doivent collaborer entre eux dans tous les domaines et à tous les niveaux. Cela implique de favoriser la participation des plus défavorisés.
* la participation
Cette notion est une notion communautaire, l’homme est en relation avec autrui, c’est un être social. La société civile doit avoir un rôle.
La DSE est à l’origine de la naissance des mouvements d’action catholique.
*la solidarité
la solidarité signifie « se tenir ensemble », cela implique d’avoir de la sollicitude à l’égard de chacun, une responsabilité collective du regard sur l’autre et un devoir d’humilité.
Les clés de lecture de la DSE :
On doit toujours garder à l’esprit :
* la situation dans le monde au moment où l’encyclique est publiée,
* la situation de l’église au moment où l’encyclique est publiée,
* la personnalité du Pape au moment où l’encyclique est publiée.
Le concret de la DSE :
Intelligence dans l’analyse de la situation présente,
Intelligence pour pointer les enjeux,
Intelligence pour discerner les nécessités de changement.
La DSE
c’est partager l’amour dont Dieu est la Source. Plus qu’un impératif elle se fait invitation.
La solidarité
Brigitte Bécard
Pour parler de Solidarité, il ne faut pas oublier la dignité inaliénable de la personne humaine, c’est à dire qu’il y a une part de divin en chacun.
La solidarité entraîne une co-responsabilité : se sentir tous responsables de tous.
Il ne s’agit pas de « faire charité » mais de faire alliance, de considérer les plus faibles pour en faire des partenaires.
L’option préférentielle pour les plus pauvres permet de voir que plus l’homme est grand plus Dieu est grand.
Le véritable accompagnement des personnes en exclusion est de les aider à rejoindre la communauté. Par delà la solidarité, la fraternité est une relation proche où l’on reconnaît l’autre comme frère ou sœur. Au contraire du sens anglo-saxon de « fraternity », il ne s’agit pas d’un club fermé mais de quelque chose qui s’incarne et qui se crée avec beaucoup d’humilité où chacun va trouver sa place avec sa propre histoire dans le respect des différences et l’ouverture au monde.
C’est une démarche active d’attention au plus faible à ceux qui n’ont pas la parole.
Les fraternités sociales ont pour but de recréer le lien social.
Pour les Chrétiens la fraternité prend son sens dans la fait que nous soyons tous fils et filles du même Père, et si l’on est fils, l’on est frères.
La dimension horizontale de la croix est obligatoire : le lien vertical à Dieu ne peut exister sans le lien horizontal aux autres, nous sommes tous frères.
C’est pourquoi on se doit de réintroduire de l’Espérance dans le « vivre ensemble », la solitude est une des pauvretés les plus profondes.
Des exemples concrets :
* A Bergerac, des mamies font garderie pour libérer un peu de temps à des mères de familles et en contre-partie les mères aidées rendent des services et créent du lien avec ces personnes plus âgées.
* A Bordeaux, la Parentèle est un lieu où des familles réfléchissent ensemble à la parentalité.
* La « Fête des voisins » est devenue dans certains endroit un lieu de solidarité pour le quartier.
* Les jardins partagés sont aussi un exemple de fraternité où les gens sont à égalité.
* Sur le plateau de Mille vaches, des bénévoles se relaient auprès des personnes isolées.
En Touraine :
* Dans la Paroisse de Tours, tous les lundis, des rencontres fraternelles sont organisées pour échanger, apprendre le français, faire connaissance.
* A Tours, Descartes et Loches, existent de petites fraternités de vie qui regroupent des femmes seules en difficulté, et en parallèle la démarche s’effectue également en Centrafrique. Des témoins sont venus pour partager, sans notion d’aide, juste une relation d’échange, pour changer le regard par la rencontre.
* Les voyages de l’Espérance du Secours Catholique consistent à préparer un voyage de 4 ou 5 jours à Lourdes avec 6 mois de préparation où chacun a la parole et où règne une mixité sociale et générationnelle.
* En paroisses, il existe aussi une multitude d’expériences de « tables ouvertes »
Diaconia 2013
L’objectif est de redire à chaque Chrétien qu’il doit servir la fraternité car le Christ s’est mis au service du plus pauvre.
C’est une invitation à vivre la relation différemment, comme une expérience de type sacramentelle.
Cette démarche est appelée à se faire publique et politique pour lutter et se mobiliser contre les logiques dominantes de ce monde, jusqu’à nos frères qui ne sont pas chrétiens.
Le 11 novembre seront remis aux doyens le livre blanc des fragilités et le livre blanc des merveilles qui seront remplis pour une journée diocésaine le 13 mai pour célébrer tout ce qui a été trouvé.
Un second temps liera diaconie et parole pour aller à la rencontre car les pauvres nous évangélisent lorsque l’on partage la Bonne Nouvelle avec eux.