La sécheresse sévit actuellement en France. « Nous sommes en situation de crise », affirme Mme Kosciusko-Morizet, ministre de l’écologie. La moitié des départements français est concernée à des degrés divers. L’agriculture est particulièrement touchée, mais d’autres secteurs sont aussi concernés : ne parle-t-on pas de menaces qui pèsent sur les centrales électriques ?
La situation vendéenne est particulièrement préoccupante. Le manque de précipitations du printemps, l’état d’avancement des cultures, dont certaines irriguées, la chaleur précoce favorable à l’accueil de touristes, tout cela fait que nos réserves sont déjà en l’état d’un mois de juillet. Cela provoque de légitimes inquiétudes, relayées par les mesures de restriction en eau, les incitations à s’organiser… Le spectre de la sécheresse de 1976 resurgit. Des appels au civisme et à la responsabilité citoyenne ont été lancés.
Chrétiens dans le Monde Rural, au nom de l’Evangile, soucieux d’articuler solidarité, économie et environnement, nous nous sentons pleinement impliqués dans ce qui se met en place. Au nom de la fraternité à vivre, nous invitons chaque agriculteur vendéen à être solidaire, qu’il soit céréalier ou éleveur, irrigant ou non, syndiqué ou non. Tous les producteurs sont touchés, tous sont concernés par la baisse de rendements prévisible. Mais certains, en raison de leur situation financière et morale déjà fragile, le seront encore plus. Nous espérons que, dans la difficulté, ces hommes et ces femmes ne seront pas livrés à eux-mêmes.
Aussi, nous voulons saluer toutes les initiatives d’organisation solidaire qui se mettent en place :
• La demande du préfet aux exploitants céréaliers, les invitant à faire preuve d’une solidarité exemplaire avec les éleveurs du département en s’interdisant le broyage des pailles pour les mettre à disposition des éleveurs, en vue de l’indispensable entretien du cheptel.
• La volonté des organisations agricoles dans leur ensemble, qui souhaitent aller plus loin en moralisant les contrats, en favorisant les échanges de manière à éviter la spéculation, qui interpellent aussi l’État pour l’utilisation des jachères, la prise en charge du transport des fourrages…
Les sécheresses passées ont souvent été sources de conflits dans et hors agriculture, peut-être par manque de compréhension face à la complexité et aux différences de situation :
• Eleveurs en manque de fourrage, tentés ou obligés de vendre prématurément des animaux pour soulager leur trésorerie.
• Céréaliers non irrigants, touchés de plein fouet par la sécheresse et qui pour la plupart ont engagé la vente de leurs produits sur des bases qu’ils ne pourront honorer.
• Irrigants, certes sécurisés partiellement par l’arrosage, mais au prix de lourds investissements, avec des contraintes variables selon les localisations…
Ce rapprochement entre éleveurs et céréaliers, le recensement et la répartition des besoins et des disponibilités exigeront des moyens et une organisation de tous les acteurs de la filière (CUMA, entrepreneurs, Chambre d’Agriculture…). Tous, et chacun comme citoyen, nous sommes interpellés à créer ou développer des initiatives de partage et d’entraide autour de l’eau et de son utilisation.
Mais tout n’est pas maîtrisable. Croyants ou non, cette sécheresse ne devrait-elle pas nous rendre plus humbles face à la Création et plus conscients de notre devoir de la respecter ? Ne devons-nous pas nous interroger sur notre course à l’exploitation maximale des ressources pour aller vers des modes de production plus économes… ? Enfin, la sécheresse inclinera-t-elle notre cœur à la solidarité avec les populations qui, vivant en permanence dans des régions arides, sont obligées de fuir leurs terres pour survivre ?…
La Commission Agricole et Le Conseil Fédéral CMR 85
Téléchargez le texte : Communiqué CMR de Vendée