Une trentaine de personnes s’étaient donné rendez-vous le jeudi 6 avril 2017 au domaine de l’Asnée pour assister à une soirée-débat sur le thème de la crise agricole. Monseigneur Papin, sensible à la cause agricole et soucieux des difficultés rencontrées par certains agriculteurs était également présent.
Après un petit mot d’accueil du président Bernard Saucy, Catherine Barbier nous a dressé un portrait général de l’agriculture en Meurthe et Moselle.
Sur notre département, 54% des terres sont cultivées. La polyculture élevage est dominante, suivie par les bovins laits et les céréales. En 2010 on recensait 2725 exploitations agricoles. Aujourd’hui, on compte 3600 agriculteurs, dont 2300 chefs d’exploitation, dont 700 femmes et 800 moins de 40 ans.
Le revenu agricole a été durablement malmené depuis 2010. Les causes des variations sont nombreuses : le facteur humain arrive en première position, suivi des facteurs liés directement à l’exploitation : structure, endettement, accidents climatiques, volatilité des cours des matières premières.
On constate également des évolutions de plus en plus rapides, comme la diversification des énergies renouvelables (méthanisation), la conversion en agriculture biologique (en 2016 on comptait 173 exploitations bio), la vente en circuit court et l’accueil à la ferme.
A la suite de ces informations générales, plusieurs personnes ont accepté de témoigner de ce qu’elle vivait sur leur ferme, et par quels moyens elles parvenaient à s’en sortir.
Jean-Pierre Barbier, agriculteur en conventionnel sur le secteur de Vézelise nous explique comment, en 2005, ils ont fait le choix d’installer une 4ème personne sur l’exploitation, sans agrandir. Pour se sortir de ces années difficiles, il a pu utiliser différents leviers : la force du groupe (dans un GAEC, on a plus d’idées, plus d’aide), la maitrise des charges (dépenser moins pour gagner autant, essayer de dépendre le moins possible des facteurs extérieurs). Selon lui, l’agriculture est au croisement de 3 pôles : la santé, l’alimentation et l’environnement et de plus en plus d’agriculteurs devront dialoguer avec les consommateurs, les élus locaux pour aller tous dans le même sens.
Dominique de Ladonchamps, producteur d’escargots sur Ochey et vice-président de l’association saveurs paysannes de Meurthe et Moselle qui compte une soixantaine d’adhérents, nous a parlé de ces agriculteurs qui pratiquent la vente directe. L’association les aide en organisant des marchés et des formations techniques car il faut produire, transformer et vendre. Les agriculteurs n’ont pas forcément les bonnes techniques. Mais on peut ainsi avoir le choix du prix de ses produits, et créer des liens avec les consommateurs.
Dominique Griffaton est, quant à elle, venue apporter une note de légèreté au débat en nous présentant l’accueil à la ferme. Il existe sous différentes formes : restauration, hébergement, accueil de groupes, séjours thématiques, vacances d’enfants à la ferme, … et tend proposer de nouvelles offres : fermes à vocation sociale pour accueillir les personnes handicapées ou les publics fragilisés, médiation animale pour recréer du lien social. L’accueil à la ferme a plusieurs avantages : diversification de l’activité agricole, temps de rencontre avec différents milieux, valeurs ajoutée à la ferme, ressource financière supplémentaire, relations humaines, …
Le débat s’est ensuite déroulé dans une ambiance sereine, le consommateur cherchant la réponse à ses questions, notamment sur l’agriculture biologique et la traçabilité des produits, tandis que les agriculteurs débattaient entre eux des différentes solutions existantes pour résister face à la crise agricole. Même si nous n’avons pas eu le témoignage d’un agriculteur en difficulté le CMR a dressé un portrait global de la situation agricole actuelle qui a été apprécié par les personnes présente.