Noël 2018, nous avons vécu l’aventure du calendrier inversé !

Témoignage de Florence et Margot HUET (CMR 44).

Noël 2018, nous avons vécu l’aventure du calendrier inversé !

Chaque année les calendriers de l’Avent fleurissent dans les magasins, les réseaux sociaux nous abreuvent d’idées pour satisfaire petits et grands. Cette année là, c’était différent, j’avais envie d’autre chose.

Nos enfants ont grandit, d’enfants elles sont devenues ados puis jeunes adultes, le calendrier « classique » aurait-t-il toujours cette même saveur aux senteurs de familles, d’amour, de partages ?

Les rues en décembre sont remplies de personnes heureuses d’acheter de quoi fêter Noël, les pas se pressent dans les magasins, les marchés rivalisent de couleurs, d’odeurs alléchantes pour satisfaire chacun et chacune. C’est l’effervescence et on se laisse chaque année porter par cette ambiance aux senteurs de pain d’épices et de sapins.

Mais Noël, ce n’est pas que féérie et douceurs, Noël c’est aussi une période où la solitude devient plus grande, où la précarité devient plus forte encore face aux manques qu’elle met à jour pour ceux qui l’éprouvent. Parce que d’enfants, d’ados, des adultes sont devenus isolés, sans travail, voire sans domicile fixe, abandonnés ou laissés pour compte. Plus les années passaient, plus notre famille n’arrivait plus à regarder ailleurs… L’envie de faire autrement devenait pressante.

Tout en y réfléchissant, j’ai vu passer sur les réseaux sociaux cette idée du « calendrier inversé » : au lieu de recevoir, on donne, au lieu d’ouvrir une petite fenêtre, on remplit une boite, un sac… et ce sac, remplit pendant ces 24 jours d’attente, devenait cadeau pour une personne démunie. J’aimais l’idée.

J’en ai parlé à notre 3ème fille, Margot, qui habitait encore avec nous. L’idée l’a séduite. Nous avons donc décidé de faire un « calendrier inversé » … choix des objets : de quoi a besoin une personne à la rue ? Il fait froid : des vêtements chauds, il, elle est seul-e ? : une petite radio transportable, un petit livre pour s’évader ? (nous aimons lire chez nous, pourquoi pas ?) un sac à dos, des produits d’hygiène, des gâteaux secs, une lampe torche…. De quoi se faire du bien, et de quoi être moins mal avons-nous pensé.

Noël est arrivé et il était temps de remettre ce cadeau à quelqu’un, mais à qui ? Margot connait bien le centre de Nantes, sait où se trouvent les sans domicile fixe, mais aussi ce que l’on nomme les « punks à chiens »… terme plutôt laid pour désigner des jeunes principalement, qui vivent à deux ou en groupe, avec des chiens, beaucoup d’alcool et parfois de la drogue, des nomades, des personnes se disant libres mais vivant difficilement ces temps d’hiver au contact d’une population qui les rejette bien souvent.

A qui donner ? Difficile, choisir une personne parmi d’autres ? Encore plus difficile… « choisir son SDF », quelle vilaine impression que nous partagions toutes les deux… arpentant les rues du centre ville, un peu angoissées, un peu fébriles, mais heureuses d’être là.

Nous arrivons place du Commerce, près de la ligne de Tram et nous voyons ce monsieur, assis au milieu de ses sacs. Une barbe énorme rend son visage doux et agréable, il sourit, regarde autour de lui, ne dit rien mais observe. Il nous séduit et nous décidons : c’est lui !

On s’approche, nous le saluons et nous asseyons près de lui… il s’étonne mais semble content. Je lui explique notre démarche (pas dans les détails… juste l’envie d’offrir) et comprend vite qu’il est étranger, même s’il parle le français et le comprend bien. Il est polonais, en France depuis 10 ans et depuis 6 ans il est à la rue. 3 ans qu’il passe ses journées ici « les gens me connaissent maintenant, j’ai mes petites habitudes ». Nous lui donnons le sac à dos, il ne regarde pas dedans mais nous remercie, sourit, continue à nous parler. Il le cache derrière lui et nous voyons arriver 2 jeunes, sensiblement éméchés, le regard hagard,  le teint blanc, ils tournent autour de nous, regardant Margot avec insistance, cherchant le sac des yeux ; je me sens moins bien… je vois Margot qui ne semble pas inquiète et cela me rassure. Et puis  le regard de ce monsieur se fige dans le mien, il me sourit encore, il calme mes inquiétudes. Puis, d’un coup, comme s’il pensait cela urgent, il me tend la main, enlève son gant, prend la mienne et ne bouge plus, 1 seconde, 2 secondes… moment de grâce.

Au revoir monsieur, « au revoir » a-t-il répondu et il a regardé ailleurs.

Nous avions souhaité prendre une photo de lui avec nous, cela nous a semblé déplacé alors nous l’avons photographié lui, tout seul, de loin alors que nous l’avions quitté.

On ne s’est rien dit… on s’est regardées, contentes de ces quelques minutes avec lui. En montant dans le tram pour rentrer chez nous, nous nous sommes écriées, en même temps : « mais on ne lui a pas demandé son prénom » !!

Noël 2018, une belle expérience qui déplace autant qu’elle apporte, et finalement si, on reçoit aussi !…

Florence et Margot HUET.

FABRIQUER UN CALENDRIER DE L’AVENT INVERSÉ POUR L’OFFRIR À UNE PERSONNE QUI EN A BESOIN !

L’idée vient d’une association de Mons en Belgique, mais c’est largement transposable à l’échelle de chacun-e d’entre vous, dans votre ville ou votre quartier.

De quoi s’agit-il ?

L’idée de ce geste solidaire est de revisiter le traditionnel CALENDRIER DE L’AVENT : au lieu de s’offrir à soi même chaque jour une bricole, un chocolat pour patienter jusqu’au 24 décembre, mettre de côté chaque jour, dans un “colis de l’avent” un cadeau gourmand afin de partager tout le contenu du panier avec une personne démuni le 24 au soir, ou à la date de votre choix.

Pour ce faire, on privilégie les denrées non périssables, les produits d’hygiène, voire une petite radio transportable, un livre, des gants, des chaussettes, une écharpe …, ce qui peut être utile mais aussi permettre de s’évader, pourquoi pas ?

Il est aussi possible le 23 ou le 24 de glisser des denrées fraîches pour compléter le colis.

Si vous n’osez pas franchir le pas et apporter vous-même votre colis à une personne démunie, renseignez-vous, il y a des associations autour de vous qui peuvent le faire (téléphonez à votre mairie, ils ont ce genre de renseignements).

En « Avent » pour un Noël solidaire et fraternel !