Fratelli Tutti : La famille en filigrane

 

L’actualité proposée par le pape François avec sa dernière encyclique « Tous Frères » nous permet d’aborder le thème de la famille d’une façon plus large. Même si cette encyclique n’est certainement pas centrée sur le souci de la famille, elle apparait souvent en filigrane comme une idée en arrière-plan pour soutenir la réflexion du Pape. Il nous parle souvent de la grande famille de l’humanité qu’il nous faut ressouder et construire ensemble sur les bases de la fraternité, mais cette idée laisse aussi entendre que nous avons aussi à faire le même chemin au niveau de nos familles au sens propre !

Je vous propose donc quelques passages  qui peuvent résumer cette vision de la Famille par notre Pape François :

Chap. 1, 26. Cela n’est pas surprenant si nous considérons l’absence d’horizons à même de nous unir, car ce qui tombe en ruine dans toute guerre, c’est « le projet même de fraternité inscrit dans la vocation de la famille humaine » ; c’est pourquoi « toute situation de menace alimente le manque de confiance et le repli sur soi ».

Chap. 3, 88. À partir de l’intimité de chaque cœur, l’amour crée des liens et élargit l’existence s’il fait sortir la personne d’elle-même vers l’autre.65 Faits pour l’amour, nous avons en chacun d’entre nous « une loi d’‘‘extase’’ : sortir de soi-même pour trouver en autrui un accroissement d’être ».66 Voilà pourquoi l’homme doit de toute manière mener à bien cette entreprise : sortir de lui-même.

Chap. 3,  100. « … » Comme notre famille humaine a besoin d’apprendre à vivre ensemble dans l’harmonie et dans la paix sans que nous ayons besoin d’être tous pareils !

Chap. 3, 114. Je voudrais mettre en exergue la solidarité « … ». Ma première pensée va aux familles, appelées à une mission éducative première et incontournable. Elles constituent le premier lieu où se vivent et se transmettent les valeurs de l’amour et de la fraternité, de la convivialité et du partage, de l’attention et du soin de l’autre. Elles sont aussi le milieu privilégié pour la transmission de la foi, en commençant par ces simples gestes de dévotion que les mères enseignent à  leurs  enfants « … »

Chap. 4, 143. La solution ne réside pas dans une ouverture qui renonce à son trésor propre. Tout comme il n’est pas de dialogue avec l’autre sans une identité personnelle, de même il n’y a d’ouverture entre les peuples qu’à partir de l’amour de sa terre, de son peuple, de ses traits culturels. Je ne rencontre pas l’autre si je ne possède pas un substrat dans lequel je suis ancré et enraciné, car c’est de là que je peux accueillir le don de l’autre et lui offrir quelque chose d’authentique « … ».

Chap. 4, 144. En outre, il s’agit d’un présupposé pour des échanges sains et enrichissants. L’arrière-plan de l’expérience de la vie dans un milieu et une culture déterminés est ce qui permet à quelqu’un de percevoir des aspects de la réalité, alors que ceux qui n’ont pas cette expérience sont incapables de les saisir avec la même facilité. « … »

Chap. 4, 151. « … » Une ouverture adéquate et authentique au monde suppose la capacité de s’ouvrir au prochain, dans une famille des nations. L’intégration culturelle, économique et politique avec les peuples voisins devrait être accompagnée d’un processus éducatif qui promeuve la valeur de l’amour du prochain, premier exercice indispensable pour obtenir une intégration universelle saine.

Chap. 6, 217. La paix sociale est difficile à construire, elle est artisanale. « … » Ce qui est bon, c’est de créer des processus de rencontre, des processus qui bâtissent un peuple capable d’accueillir les différences. Outillons nos enfants des armes du dialogue ! Enseignons-leur le bon combat de la rencontre !

Chap. 6, 218. Cela implique l’effort de reconnaître à l’autre le droit d’être lui-même et d’être différent. À partir de cette reconnaissance faite culture, l’élaboration d’un pacte social devient possible. Sans cette reconnaissance apparaissent des manières subtiles d’œuvrer pour que l’autre perde toute signification, qu’il devienne négligeable, qu’on ne lui reconnaisse aucune valeur dans la société. Derrière le rejet de certaines formes visibles de violence, se cache souvent une autre violence plus sournoise : celle de ceux qui méprisent toute personne différente, surtout quand ses revendications portent préjudice d’une manière ou d’une autre à leurs intérêts.

Chap. 7, 230. Le difficile effort de dépasser ce qui nous divise sans perdre l’identité personnelle suppose qu’un sentiment fondamental d’appartenance demeure vivant en chacun. En effet, « notre société gagne quand chaque personne, chaque groupe social, se sent vraiment à la maison. Dans une famille, les parents, les grands-parents, les enfants sont de la maison ; personne n’est exclu. Si l’un d’eux a une difficulté, même grave, bien qu’il l’ait cherchée, les autres vont à son secours, le soutiennent ; sa douleur est partagée par tous. […] Dans les familles, tous contribuent au projet commun, tous travaillent pour le bien commun, mais sans annihiler chaque membre ; au contraire, ils le soutiennent, ils le promeuvent. Ils se querellent, mais il y a quelque chose qui ne change pas : ce lien familial. Les querelles de famille donnent lieu par la suite à des réconciliations. Les joies et les peines de chacun sont assumées par tous. Ça oui c’est être famille ! Si nous pouvions réussir à voir l’adversaire politique ou le voisin de maison du même œil que nos enfants, nos épouses, époux, nos pères ou nos mères, que ce serait bien ! Aimons-nous notre société ou bien continue-t-elle d’être quelque chose de lointain, quelque chose d’anonyme, qui ne nous implique pas, que nous ne portons en nous, qui ne nous engage pas ? ».

En synthèse, le Pape réaffirme la valeur de la famille, mais une famille qui ne se renferme pas vers elle-même, où chaque sensibilité doit avoir sa place et être respectée et une famille soudée dans laquelle nous pouvons plonger nos racines pour mieux nous ouvrir aux autres et nous offrir aux autres. Les liens qui nous unissent en famille doivent être fondés sur l’AMOUR, le dialogue et la rencontre des uns avec les autres et un soutien indéfectible des uns envers les autres. Ce n’est pas par obligation morale que nous avons à vivre ainsi mais simplement pour devenir les hommes et femmes  que nous sommes appelés à être et ainsi trouver le chemin du bonheur !

Pour finir je retiens cette partie de la prière au créateur  proposée par François en fin d’encyclique qui peut se dire pour notre monde mais aussi pour nos familles et pour le CMR.

Marc Casal (pour l’ENAD).

 

Prière au Créateur

Seigneur et Père de l’humanité,

toi qui as créé tous les êtres humains avec la même dignité,

Insuffle en nos cœurs un esprit de frères et sœurs.

Inspire-nous un rêve de rencontre, de dialogue, de justice et de paix.

Aide-nous à créer des sociétés plus saines et un monde plus digne,

sans faim, sans pauvreté, sans violence, sans guerres.