Le lait, symbole d’un défi à relever

La crise agricole est profonde et complexe, des producteurs de lait détruisent par épandage le fruit de leur travail. La crise laitière a des conséquences parfois dramatiques, sur leurs familles. Des membres du CMR, producteurs de lait se sont retrouvés pour partager leur vécu, ils vous livrent leur réflexion et leur analyse de la situation.

Quelques réflexions :

 Je ne pensais pas qu’un jour je jetterais mon lait, je le fais par solidarité, je ne sais pas si c’est bien.

 J’ai participé aux réunions, sans jeter le lait, nous avions déjà jeté du lait au printemps, je ne suis pas plus à l’aise de ne pas avoir jeté de lait.

 On a ressenti la crise plus tôt dans notre groupement d’éleveurs qui commercialise lui-même le lait(GIE), on craint pour l’avenir. J’étais mal à l’aise dans les groupes d’ensilage, j’ai passé une mauvaise semaine, on dirait la guerre des syndicats.

 Je n’ai pas jeté de lait, j’ai du mal à comprendre les revendications de l’APLI , Que revendiquent-ils réellement ? On a connu une période euphorique l’an passé

 Je n’ai pas jeté mon lait, je suis en agriculture BIO. Je n’arrive pas à produire tout mon quota, pour nous le prix est au maximum, il manque de lait BIO. La crise me touche car on a choisi de faire le même métier.

 Je suis agriculteur BIO, Je suis solidaire, il y a un malaise, notre agriculture s’en va dans un mur.

 Je n’ai pas jeté mon lait car je n’en avais pas les moyens, je préfère baisser mon nombre de vaches pour réduire la production

Quelques éléments qui expliquent la situation :

 Accroissement progressif des quotas, pour éliminer en 2015 tout droit à produire, pour être en phase avec l’OMC (Organisation Mondiale du Commerce)

 Refus des accords interprofessionnels pour fixer un prix négocié, sous prétexte d’ententes illicites qui enfreignent la concurrence.

 Relance des subventions à l’exportation qui bénéficient aux industriels, et concurrencent les filières laitières émergentes dans les pays en développement.

 Baisse de la consommation liée au pouvoir d’achat.

Quelques défis à relever pour l’avenir :

 Réguler la production (quotas) française et européenne en tenant compte des unités de travailleurs par exploitation

 Contractualiser les livraisons de lait entre les producteurs et les laiteries sous la responsabilité des pouvoirs publics.

 Constituer des réserves, pour prévoir des stocks en cas de sécheresse ou d’inondation.

 Développer des filières locales : vente directe, Amap, magasins…

 Réfléchir à de nouveaux modes de production plus écologiques et diminuer les coûts de production de nos élevages.
Cette crise nous amène quelques questions :

 Continuer à développer les liens de solidarité entre les agriculteurs.

 Inviter au dialogue nos équipes C.M.R., nos groupes professionnels locaux.

 Initier des rencontres entre les producteurs et les citoyens consommateurs.
La production est faite pour servir l’homme et son bien-être.

Des membres du C.M.R (Jean Claude Besnard, Bernadette et Alphonse Chevalier, Jean-Marie Dessevre, Michel Doiezie, Isabelle et Alain Poirier, André-Marie Rochard, Michel Tuffereau).