Chrétiens en monde rural en lutte face aux lobbies semenciers – Locminé

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Demain, aura-t-on encore le droit de s’échanger ses graines de carottes ou ses plants de choux ? Le comité Chrétiens dans le monde rural (CMR) craint que non. Dimanche, il organisait une journée d’information en direction des consommateurs, des jardiniers et des agriculteurs sur la « brevetabilité du vivant ».

« C’est un nom un peu barbare, derrière lequel se cache le risque de perdre le choix de notre agriculture, de la nourriture et de la biodiversité », explique René Le Goff, coordinateur de la commission agriculture/vie rurale du CMR.

Est-il alors possible de se défendre face aux lobbies, desquels émergent notamment quatre sociétés qui concentrent la politique mondiale de la semence : Montanso, Dupont-de-Nemours, Syngenta et Limagrain. Véronique Chable, chercheur à l’Inra, membre de l’association « Pour l’émergence d’une université du vivant », y croit.

Devant une soixantaine de personnes réunies au collège Jean-Pierre-Calloc’h, elle a invité à s’intéresser à ce qu’on mange ; à soutenir les efforts des paysans et non paysans pour relocaliser la production, notamment en agriculture biologique ; à défendre les marchés locaux, les associations, le droit de jardiner avec ses semences ou des semences paysannes.

Il va falloir se battre

« Il faut porter un regard neuf sur la nature et ce qu’il en reste, en pensant que la vie est un don et en le disant. Et les OGM, les brevets, on les oublie. » Un message simple. Trop peut-être. Véronique Chable sait, et ses auditeurs aussi, qu’il va falloir se battre face à cette concentration énorme des entreprises d’agrochimie « qui raclent tout depuis 2003 ». La lutte du pot de terre contre le pot de fer est néanmoins en marche. Une vingtaine de réunions de ce type a déjà eu lieu dans l’Hexagone.

Pour garder une certaine liberté, la question est en effet de savoir comment contrarier le monopole que se construisent ces multinationales. « Déjà les agriculteurs américains ne trouvent plus de semences autres qu’OGM », note encore l’intervenante. Elle craint, malgré les lois antitrusts et la restriction à l’accès aux brevets, que le phénomène « contamine » très vite l’Europe.