Cette journée, co-organisée par le MRJC 41 et le CMR 41, a réuni 35 personnes dans la salle des fêtes de Landes-le-Gaulois, petit village de 700 habitants situé à 15 km de Blois. Quatre temps forts ont ponctués cette journée, accompagnés chacun d’un débat avec la salle.
Une conférence gesticulée d’Aline Coutarel du MRJC ayant pour thème : « Être de là-bas à être d’ici, le parcours d’une jeune rurale à la recherche de son territoire » a démarré notre journée.
Aline travaille au MRJC National. Elle se définit comme une « jeune rurale de campagne », « une mi néo rurale de seconde génération ». Elle a grandi dans un village du Tarn: « un milieu rural désertifié ». Avec le souci de nous faire participer, elle nous fait dire en quelques mots ce qu’évoque jeune et rural pour nous : « jeune paysan, campagne, le car pour aller au collège/lycée, un village, artisanat, oisiveté, indépendance, petit commerce, regroupements scolaires, parents taxis, désert médical, absence de loisirs, beaucoup d’associations, maison de retraite, aller chercher son pain, interconnaissance »…
Aline a toujours senti que l’intégration dans son village était compliquée car ses parents n’étaient pas « d’ici ». Elle a parlé harcèlement scolaire au collège, mobilité avec l’attente de grandir pour avoir une mobylette puis le permis de conduire. « Le passage du permis en rural est de 18 ans et 3 mois » Aline part ensuite faire un DUT Carrières Sociales à Figeac et nous apprend que 47% des bacheliers ruraux font un bac+2 contre 38% des urbains qui font des études plus longues. Elle évoque pour les jeunes qui vivent en rural 3 façons d’appréhender le milieu rural. C’est un refuge quand on s’y retrouve de temps en temps, un piège car il n’y a rien à y faire, on s’ennuie et quand on le choisit : un espace des possibles : engagements associatifs, installation, réseau…
Elle soulève aussi les questions de la difficulté d’une culture commune qui se construit ensemble à partir des traditions et de l’acceptation de l’autre tel qu’il est et en particulier l’homosexualité dont on ne parle pas en milieu rural.
En conclusion Il faut que les jeunes ne soient plus ignorés des politiques publiques et des institutions. Aline nous invite à replacer l’humain dans le quotidien et repenser la place des agriculteurs dont la moitié à disparu en 50 ans et croire aux alternatives pour, à nouveau habiter le rural. Il est urgent que les jeunes du rural se réapproprient leur citoyenneté et qu’ils puissent : Vivre, agir et travailler sur leur territoire.
Après un repas partagé…fort convivial, Bertrand Coly présente les grandes lignes du rapport du CESE (Conseil Économique, Social et Environnemental) ayant pour titre : « La place des jeunes dans les territoires ruraux » Bertrand représente les associations de jeunesse au sein de cet organisme. Ce rapport, coréalisé par Danielle Even et Bertrand Coly, est le fruit d’un travail d’enquêtes, de témoignages et de rencontres auprès des acteurs de la jeunesse qui a été mené de juillet à décembre 2016. La commande a été faite par l’ancien ministre à la jeunesse avec pour objectif de mieux connaître les jeunes ruraux. Ce rapport concerne les 16-30 ans et comporte différentes thématiques que nous avons retrouvées dans la conférence gesticulée d’Aline. L’insertion professionnelle est encore plus difficile car le taux de chômage est plus élevé chez les jeunes ruraux et encore plus chez les femmes, les inégalités hommes/femmes avec une division plus genrée dans le rural comme le chômage, les loisirs. La mobilité « pompe » 25 % des ressources de la personne mais le permis de conduire, indispensable, est source de libération. Il est souligné l’engagement des jeunes ruraux dans les associations (à 18% en rural contre 13% en milieu urbain). Le rapport montre que les politiques publiques s’intéressent peu aux jeunes. Il fait des préconisations telles que la création d’une compétence « jeunesse » obligatoire dans les communautés de communes et d’un pacte Jeunes Ruraux via les contrats de ruralité, la mise en place des campus ruraux de projets : service civique en rural, SVE (Service volontaire européen), Erasmus…
Si vous souhaitez mieux connaitre le contenu de ce rapport, il est disponible sur le site du CESE (www.lecese.fr) ou auprès de B.Coly ( bertrand.coly@lecese)
En guise de « conclusion »… Cette belle journée a permis de mieux appréhender la diversité et la richesse humaine de nos territoires ruraux, de voir concrètement le dynamisme qu’ils peuvent porter malgré des handicaps « divers et variés ». Tout cela a de quoi redynamiser nos Mouvements !