Soirée-débat sur les crises agricoles

Le 3 mars dernier, le CMR 41 et le MRJC local proposaient une soirée/débat sur les crises agricoles pour en comprendre les enjeux, tenter d’en dégager les perspectives et souligner le rôle important du consommateur. Une quarantaine de personnes y participait.

Cette soirée a débuté par la projection d’extrait du film « Le Temps des Grâces » de Dominique Marchais qui présente les témoignages de plusieurs agriculteurs, mais aussi d’un historien, d’un agronome, de biologistes et aussi d’élus. Ce film montre bien la pluralité de l’agriculture, la diversité de ses acteurs, son rôle déterminant sur l’organisation du territoire et sur les paysages, ses inquiétudes mais aussi ses perspectives.

Après avoir partagé le repas, deux agriculteurs ont témoigné de leurs réalités :
– Anne-Marie Hahusseau, installée à Muides en GAEC avec son fils et un jeune associé, sur une ferme consacrée d’une part à l’élevage de vaches laitières avec transformation en yaourts, crème et fromage, et d’autre part à la viticulture. Le GAEC a mis en place un magasin pour vendre directement ses produits sur la ferme. Anne-Marie développe également les visites de ferme pour les touristes. Elle précise que l’aide d’un intervenant externe pour les aspects « relations humaines » au sein du GAEC est très précieuse.

– Daniel Odeau, éleveur laitier à Sargé-sur-Braye. Après avoir subi de graves difficultés financières en 2009 ou il ne lui restait rien pour vivre, il a converti progressivement ses terres en mode biologique et se sent aujourd’hui heureux par rapport à son travail. L’agriculture de « conservation » permet le respect du sol et des bêtes. Son objectif est de continuer à « dé-intensifier » et, en particulier, de revenir à des races de vaches locales.

A la suite de ces deux témoignages, Rémi Jay Rayon, formateur en lycée agricole, a proposé une analyse éclairée des différentes crises agricoles (laitières, céréalières, …), resituées dans le contexte historique des 50 dernières années. Il a souligné la double impasse à la fois économique et agronomique du modèle agricole dominant, ainsi que la nécessité de mener une politique de régulation : « si vous arrêtez de protéger les petits, ce sont les plus gros qui prennent le dessus. »

Les échanges avec la salle ont ensuite permis d’approfondir différents aspects, en particulier : la difficulté pour trouver localement de la main d’œuvre qualifiée, la difficulté à faire évoluer la consommation des gens, l’installation des jeunes, la nécessité de rapprocher les agriculteurs des consommateurs,…

Une soirée riche en échanges qui a permis d’apporter aux participants des éclairages très intéressants pour mieux cerner les réalités de l’agriculture, montrer la remarquable capacité des agriculteurs à évoluer et à rebondir….et rencontrer des agriculteurs fiers de leur métier et heureux de pouvoir encore l’exercer.