« Le vivant : son environnement et les changements climatiques »

Quels enjeux, quelles actions, avec Bernard Chevassus au Louis

Comment prolonger concrètement l’élan international pour lutter contre le changement climatique constaté lors de la COP 21 en décembre dernier à Paris ? Comment donner corps au respect d’une écologie intégrale, à la fois sociale et environnementale, proposé par le Pape François dans son encyclique Laudato si’ ? Ce sont ces préoccupations que les Amis de la Vie et le CMR de Côte d’Or ont cherché à aborder en sollicitant Bernard Chevassus, biologiste et généticien, Président de l’association « Humanité et Biodiversité », lors d’une soirée organisée au CUCDB de Dijon. Son intervention a permis de faire le lien entre les préoccupations sur l’évolution du climat et celles sur la biodiversité terrestre, principal reflet de la viabilité de notre planète. De cette soirée nous retiendrons plusieurs conclusions marquantes.

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L’apparition de l’homme sur la terre est récente et repose sur des conditions environnementales restreintes qui rendent ses conditions de vie fragiles. Le réchauffement climatique, qui se manifeste avec une rapidité jusqu’alors inconnue dans l’histoire de l’humanité, est principalement lié à une accumulation de gaz carbonique dans notre atmosphère. Cependant, les quantités de carbone mises en jeu par cette accumulation n’apparaissent que marginales par rapport aux autres formes de carbone stockées ou échangées dans la matière vivante à la surface de notre terre. Et pourtant, cette faible quantité de produits carbonés a de lourdes conséquences sur le fonctionnement de notre milieu vivant.

Face aux excès des émissions principalement dues à la combustion des carburants fossiles et à la déforestation, les plantes, la flore des milieux aquatiques terrestres ou marins constituent le principal régulateur biologique de cette accumulation par leur activité de photosynthèse qui transforme le gaz carbonique en biomasse végétale. S’intéresser aux effets du changement climatique sur la biodiversité, et tenter de limiter le réchauffement de l’atmosphère terrestre, c’est veiller à la préservation de cette capacité de recyclage du gaz carbonique. Le maintien d’une biodiversité végétale, avec ses capacités propres d’évolution et d’adaptation, est une des conditions du maintien d’un environnement vivable sur notre planète.

L’observation de la nature montre que la biodiversité végétale est intégrée à la biodiversité globale du monde vivant et qu’elle ne peut en être dissociée. Ainsi, la reproduction des plantes est conditionnée par le développement des insectes pollinisateurs qui, l’un et l’autre, peuvent avoir des réponses différenciées à l’évolution du climat. Ceci illustre à la fois la complexité des mécanismes en jeu et le niveau d’incertitude auquel nous sommes confrontés dans l’élaboration de modes de vie et de fonctionnement prenant en compte les changements climatiques actuels.

L’observation de l’évolution du climat et de ses effets indique que notre humanité va devoir vivre dans un contexte climatique profondément et durablement modifié du fait de l’inertie des mécanismes du système terrestre. Pour que notre terre reste viable, il importe de limiter la dérive de l’échauffement actuel, et chercher à adapter nos pratiques à ce milieu en évolution. Pour cela Bernard Chevassus propose plusieurs principes destinés à guider les actions permettant d’anticiper ces changements. Il souligne le bien fondé de démarches permettant une connaissance intégrée de la biodiversité et de son environnement. Il rappelle la nécessité de réduire les pressions d’origine humaine sur l’environnement et met en évidence l’intérêt des actions et des infrastructures qui peuvent faciliter l’adaptation sur place de la biodiversité. Il souligne la nécessité de ne pas limiter les préoccupations climatiques à la seule logique de limitation des émissions de carbone et rappelle que le maintien de la biodiversité peut répondre à une fonctionnalité diversifiée, s’appuyant en cela sur l’exemple du fonctionnement des milieux humides.

Pour conclure Bernard Chevassus insiste sur la nécessité d’un co-développement du capital écologique et du capital social, reprenant l’idée que les solutions aux questions environnementales ne peuvent réussir que si simultanément elles s’appuient sur une réalité sociale, une approche chère aux organisateurs de la soirée.

Jean-Claude Germon