La crise de l’agroalimentaire
Face aux événements actuels et aux problèmes que traverse l’Agroalimentaire breton (Gad, Doux, Marine Harvest, Tilly-Sabco, Boutet-Nicolas), le mouvement CMR (Chrétiens dans le monde rural) appelle chacun à être solidaire envers les personnes et les salariés confrontés aujourd’hui à des épreuves difficiles. Le mouvement exprime d’ores et déjà sa solidarité vis-à-vis de toutes les personnes qui se trouvent aujourd’hui dans une situation de détresse, sans perspectives. C’est aussi tout un territoire qui est touché.
Le CMR s’interroge sur le modèle économique à promouvoir pour éviter que de tels problèmes ne se reproduisent.
Il incite tous les acteurs : chefs d’entreprise, exploitants agricoles, acteurs de la vie politique et sociale, salariés, à s’interroger sur les causes de cette crise : concurrence mondiale et européenne, stratégies d’entreprises, défaut d’anticipation ou de concertation, etc.
Par ailleurs, le CMR dénonce :
• l’atteinte à la dignité des personnes et au respect de la vie des salariés, à travers :
des offres de reclassement indécentes,
l’absence de responsables d’entreprises disposés à dialoguer et à négocier avec les salariés, provoquant ainsi leur exaspération ;
• le manque de lisibilité sur les stratégies d’entreprises ;
• les plans de licenciements dans des entreprises qui réalisent des bénéfices ;
• la responsabilité de certains dirigeants agricoles, souvent à la recherche de boucs émissaires pour éviter de s’interroger sur les vrais problèmes et chercher des solutions nouvelles, nécessitant plus de concertation entre opérateurs économiques ;
• la course au gigantisme entraînant surinvestissement et focalisation sur une production de masse, sans recherche de valeur ajoutée.
Pour le CMR, l’être humain doit être au cœur des dispositifs, afin de:
• rendre la parole aux salariés pour construire leur avenir, et que cette parole soit prise en compte ;
• donner aux salariés licenciés les moyens réels de se réorienter professionnellement ;
• promouvoir une agriculture créatrice de valeur ajoutée ;
• promouvoir les entreprises à la recherche de solutions innovantes et créatrices d’emplois ;
• s’inspirer des expériences positives, notamment de celles qui font du respect de l’humain un atout économique.
Le CMR appelle à la solidarité dans les prises de décision, tant de la part des acteurs économiques que politiques.
Les chrétiens du monde rural, producteurs, salariés, consommateurs, … sont invités à « partager plus pour vivre mieux » et faire mieux vivre.
Qu’ils donnent de leur temps, de leurs talents, et, au besoin de leur argent, qu’ils « paient de leur personne » pour soutenir toute initiative qui aide les victimes de ces crises ; qu’ils s’investissent dans les organisations et associations qui œuvrent pour l’emploi et le développement de leur monde rural.
Qu’ils soient lucides pour démystifier des comportements démagogiques allant jusqu’à prendre en otages ceux qui ont tout perdu. Qu’ils poussent à un dialogue constructif entre tous les acteurs soucieux de leur avenir commun.
Et aussi, que partout où ils sont, les adhérents du CMR aient à coeur d’informer, de sensibiliser efficacement leurs paroisses et les instances diocésaines. Que celles-ci aient l’audace du pape François pour se rendre auprès de toutes celles et tous ceux qui luttent pour leur travail et leur dignité, pour encourager tous les responsables (professionnels, politiques, représentants des personnels,…) qui, dans ces situations décisives, font passer le bien commun avant leurs intérêts personnels.
Pour celui qui l’a, la foi en Dieu est inséparable de la foi en l’homme
et en ses capacités de se remettre et tenir debout.
L’espérance n’est pas seulement un don que l’on reçoit, c’est une force qui se construit au jour le jour.