Pour poursuivre notre réflexion du Vivre Ensemble, nous avons rejoins « les voyageurs », que nous avons l’habitude de nommer « les gens du voyage », lors de leur pèlerinage à Sainte Aubierge, le 4 mai dernier. Sainte Aubierge est une chapelle connue pour sa source, son lavoir, son calvaire et l’ensemble de son site qui reçoit différents pèlerinages Elle est située sur la commune de Saint Augustin, sur le pôle de Coulommiers.
Nous avions rencontré au préalable Philippe Derieux, diacre et aumônier des gens du voyage ainsi que Françoise Gaspard, voyageuse auteur du livre « mes cris par mes écrits ». Ils nous ont transmis leur enthousiasme à nous accueillir lors de cette journée, pour célébrer, partager leur barbecue (nous étions leurs invités) et prendre le temps de dialoguer ensemble pour mieux se connaître. Notre peur de déranger ou de s’immiscer a disparu aussitôt.
Il y avait beaucoup de familles rassemblées ce matin là. Cinq baptêmes de jeunes ou d’adultes étaient célébrés durant la messe, ce fût un grande joie. Les intentions de prières spontanées venues de l’assemblée ont donné beaucoup de simplicité à cette célébration.
Des tables dressées à l’extérieur recevaient salades et desserts apportés par chacun; les grillades étaient sur le feu et les bouteilles avaient eu le temps de rafraichir dans la source pendant la messe. Le soleil était au rendez-vous. Ce moment fût particulièrement convivial.
Ensuite, nous nous sommes assis tous ensemble pour entendre des témoignages et poser des questions. Nous avons entendu s’exprimer beaucoup de souffrance, et découvert toutes les difficultés de ces travailleurs qui font l’objet de discriminations, qui inspirent la méfiance et qui sont souvent rejetés. Français depuis des générations, ils ne peuvent obtenir une carte d’identité que depuis 2012, sans que leur permis de circulation soit encore totalement abolit… C’est pourquoi il y avait jusqu’à présent peu de mariages… Parfois il est inscrit SDF sur la Carte Nationale d’Identité, ce qu’ils trouvent humiliants… C’est difficile pour les commerçants d’obtenir les mêmes autorisations que les autres de la chambre du commerce, et certains placiers des marchés les rejettent ou les placent au plus mal…
Les compagnies d’assurances refusent d’assurer leur caravane… Les emplacements communaux sont plutôt chers, en moyenne 400 euros par mois pour une caravane (avec l’eau et l’électricité), mais sans APL possible… Certains ont acquis des terrains, vendus en vergers, c’est pourquoi ils n’obtiennent pas le droit à l’électricité, même si le poteau
est à leur porte et dessert le voisinage. Ni le droit à l’eau… Si la scolarité des enfants est le combat de certains, d’autres ont jeté l’éponge et l’école s’arrête alors généralement à la sortie de l’école primaire ; les relations avec le collège semblant plus difficiles… Connaître et faire valoir ses droits n’est pas accessible à tous… Et être si souvent considérés comme des voleurs est douloureux à vivre…
Ils nous ont aussi partagé leur foi en Dieu. Un socle pour eux. « Sans elle, on ne tiendrait pas ».
Chacun est reparti avec un pot de muguets et de fleurs, cadeaux aux « gadjos » de la part des voyageurs.
Nathalie Vassilieff