Vers le large n°181

EDITORIAL
par Claude Daviau


Au cours des nombreuses manifestations qui ont eu lieu ces dernières semaines, contre le projet de loi modifiant le régime des retraites, de nombreux membres de nos équipes se sont retrouvés et ont défilé ensemble. Même si nombre d’entre nous n’étions pas concernés par les conséquences de cette loi, nous avons été présents, en signe de solidarité.
Cela nous concernait, en tant que chrétiens, en tant que membres du CMR.

Certes, comme la plupart de ceux que nous avons côtoyés dans ces manifestations, nous sommes conscients des données économiques du problème : la durée moyenne de vie augmente, et encore plus la durée moyenne de vie au-delà de 60 ans. Donc il faut bien en tirer les conséquences et allonger progressivement la durée de cotisation. Mais il y a la façon de faire, qui, elle, ne passe pas.

Au nom de la liberté économique et de l’efficacité, les gouvernements de droite acceptent que les inégalités se creusent et que les revenus des très riches explosent. Alors que les échelles de revenus, dans les entreprises de nos parents, allaient de 1 à 20, ce qui est déjà beaucoup, les échelles de revenus vont couramment de 1 à 400 aujourd’hui, ce qui n’a plus aucun sens. La même semaine, on apprend qu’un dirigeant de l’une de nos grandes entreprises a fait une plus-value de 18 millions en revendant ses stocks-options, et on apprend que le Secours Catholique s’affole du nombre croissant des pauvres qui frappent à ses portes, de tous âges.

Notre société a besoin de plus de solidarité. Et si nous avons, en tant que chrétiens, à soutenir les institutions comme le Secours Catholique, le CCFD, qui bâtissent au jour le jour ces solidarités, nous avons aussi le devoir de ne pas en rester là et de nous engager sur le terrain politique, car seul un changement de politique peut enrayer ces inégalités spontanément croissantes. Et il faut bien reconnaître que, dans notre milieu, on n’aime pas la politique en général.

Aussi nos évêques et notre pape ont fort à faire pour se faire entendre. Ils invitent les chrétiens et non-chrétiens à changer de priorité, et à mettre le poids de la loi et des institutions pour combattre la pauvreté, donner du travail à chacun, soigner les malades, accueillir les étrangers. Le message évangélique ou la Bourse, il faut choisir. « Vous ne pouvez pas servir deux maîtres, Dieu et l’argent » nous a dit Jésus.

Nous comptons profiter des prochains bulletins pour reparler de l’encyclique parue l’an dernier. Quand la hiérarchie de notre église prend ses responsabilités et nous aide à réfléchir, il faut savoir profiter de l’occasion.