Sur les pas du Carrefour de l’Eglise en Rural : la fraternité

Une présentation large et pertinente de la fraternité par la présidente introduit la journée départementale du CMR de Charente Maritime le 5 février 2006 où quarante personnes sont présentes à Saintes. Les différents témoignages émaillés de commentaires de textes bibliques sonnent juste et profondément la fraternité. La table ronde de l’après-midi élargit le champ des expériences et approfondit la manière d’être « acteurs de fraternité ». Elle pousse le questionnement jusqu’aux défis que chacun des intervenants a envie de continuer à relever… Une façon d’interpeller l’assemblée à se mettre en chemin ou à poursuivre ce qu’elle a commencé.


L’ancrage de la journée dans les pas de la proposition du Carrefour de l’Eglise en Rural (CER)

L’introduction au thème de la journée faite par la présidente définit la fraternité : nous sommes frères et sœurs… c’est aussi l’autre proche. Inscrite sur les frontons des mairies, elle appelle à vivre une société nouvelle en s’appuyant sur les deux valeurs de la liberté et de l’égalité. La Déclaration Universelle des Droits de l’Homme la contient dans son article 1er. Pourtant elle n’est pas choisie, en Dieu elle nous est donnée. Elle est à vivre au cœur de la tension entre l’autonomie personnelle et le vivre ensemble, avec les autres. Ce qui amène à la citation de la célèbre phrase du Pape Pie XI, pour qui « la charité politique est le plus vaste champ de la charité ».

La fraternité vécue… des témoignages forts

Avec trois amis des gens du voyage présents, le diacre permanent, aumônier diocésain des gens du voyage présente l’action du collectif de soutien à cette population rejetée et négligée par les autorités qui l’expulsent de l’endroit qu’elle occupe depuis des années sans lui proposer aucun nouveau terrain. Il relate les temps forts de convivialité, d’échanges de culture (cuisine, chant, théâtre) qui créent des liens et permettent de mieux s’accepter. « Au bout d’un moment, les peurs s’estompent et le regard change. Mais il faut du temps ».
De par sa profession, Christiane repère des disfonctionnements au niveau de la nourriture du public qu’elle reçoit. Elle s’inscrit au Secours Catholique qui lui demande ce qu’elle est prête à faire. Elle en profite pour dire son envie d’apprendre à faire la cuisine, les courses à des personnes aux revenus modestes ou démunies. « Je ne suis pas une monitrice, je suis un guide ».
L’arrivée d’un couple qui fait table d’hôte créé des liens amicaux avec quelques artisans du village. Ensemble, ils invitent soixante artisans/commerçants et ceux de la zone artisanale à s’associer avec le projet d’animer le village et d’accueillir les nouveaux arrivants. Trente d’entre eux répondent et décident d’un pique-nique, d’une animation musicale, de jeux pour les enfants, d’un bal, etc… Jusqu’à 150 personnes sont présentes pour les feux de la Saint Jean.
L’animateur d’un Atelier Coopératif de Recherche Action (ACORA) décrit la démarche vécue en Gironde sur le problème de la crise viticole, les conditions de création d’un atelier, mais aussi comment la recherche collective permet de peser sur l’action de décideurs professionnels, politiques, etc… notamment pour plus de fraternité.

La fraternité… ou le respect de la dignité de l’homme debout

Une permanente de l’Action Catholique des Enfants, le maire d’un village de 1 400 habitants et une membre de l’association « Solidarités Internationales Jeunes » témoignent à la table ronde de l’après-midi, puis s’engage un échange avec les témoins de la matinée et la salle. Ce qui est frappant dans l’action et l’attitude de chacun, c’est l’accompagnement des enfants, des jeunes et des adultes à se prendre en charge, à exprimer leurs potentialités, à être acteurs de leur vie et non pas à les assister. La dignité des personnes est respectée et le compagnonnage effectué par les témoins permet la croissance en humanité.

L’approfondissement de la matinée est facilité par le questionnement suivant :
qu’est-ce qui est important pour créer de la fraternité ? Quels sont les choix que j’ai fait seul ou avec d’autres ?
comment cette expérience m’a-t-elle transformée profondément, en équipe et plus largement ? Quels défis j’ai envie de continuer à relever ?

Quelques affirmations fortes ressortent :
on ne peut pas changer l’autre, mais faire « avec »,
se changer soi-même c’est changer son regard,
regarder l’autre différent (malade, prisonnier, handicapé, etc…) en oubliant ce qui lui arrive, et le regarder en tant qu’homme : tout change pour lui et pour moi,
il faut oser créer du lien, avoir de l’audace, s’exposer, rencontrer les élus, faire confiance en confiant de petites responsabilités, faire grandir l’être.

Cette rencontre a révélé d’autres terrains cultivés où la fraternité se construit : les actions relatées pourraient alimenter les propositions du Carrefour de l’Eglise en Rural sur lesquelles s’est appuyée la journée.

Contact : Monique Deveau au CMR 17 – Tél. : 06.70.40.22.80 – Courriel : cmr.fd17@orange.fr